Cancers féminins : du nouveau sur le front des traitements
07 juin 2023
Des progrès notables dans la prévention de la récidive du cancer du sein et dans l’amélioration de la prise en charge des cancers de l’ovaire ont été dévoilés à l’occasion du Congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), organisé à Chicago du 2 au 6 juin 2023. On fait le point.
Chez les femmes souffrant de certains cancers du sein, l’hormonothérapie peut être indiquée après la chirurgie. Selon une étude présentée vendredi 2 juin au Congrès américain de cancérologie* (Chicago, Illinois), son efficacité peut être optimisée en prescrivant dans le même temps une thérapie ciblée administrée par voie orale.
Pour le prouver, des scientifiques américains ont mené l’étude «NATALEE», recrutant 5 101 patientes à travers 20 pays. Toutes ont été diagnostiquées pour un cancer du sein hormonodépendant HR+/HER2, pris en charge à un stade précoce.
Au total, 2 549 patientes ont été mises sous thérapie ciblée (ribociclib) pendant trois ans, en association avec l’hormonothérapie pendant cinq ans. Le second bras de l’étude (2 552 patientes) a simplement bénéficié de l’hormonothérapie pendant cinq ans. Selon les résultats, « le risque de récidive se trouve diminué de 25 % sous ribociclib», souligne Pr Dennis J. Slamon**, principal auteur de l’étude. Dans le détail, 9,2 % des patientes sous hormonothérapie seule ont été confrontées à une récidive, contre 7,4% dans le groupe ribociclib. Un point important, alors qu’entre un tiers et la moitié des femmes voient leur cancer du sein récidiver dans les dix à quinze ans suivant le traitement hormonal.
Comment agit cette thérapie ciblée ? Par le biais de molécules capables de cibler des protéines spécifiques CDK4 et CDK6 pour freiner la prolifération des cellules tumorales. Ces traitements avait déjà fait leurs preuves dans l’amélioration du pronostic vital de patientes à un stade déjà avancé de la maladie. Obtenues auprès d’un petit échantillon, à des stades plus précoces de la maladie donc, les données de l’essai «NATALEE » doivent être confirmées sur le plus long terme.
Le cancer du sein hormonodépendant HR+/HER2 constitue la tumeur du sein la plus fréquente, avec plus de 2 millions de nouveaux cas chaque année dans le monde, dont 60 000 en France.
Ralentir la progression des tumeurs de l’ovaire
Concernant le cancer de l’ovaire cette-fois-ci, un protocole vient ralentir la progression de la maladie et donc améliorer l’espérance de vie des femmes. Pour certifier cette avancée, des chercheurs allemands ont mené l’étude DUO-O, également présentée au congrès de l’ASCO.
Dans cette étude, le premier groupe que l’on appellera « thérapie complète », a bénéficié de quatre approches : l’immunothérapie durvalumab, une chimiothérapie à base de platine, le bévacizumab et l’olaparib. Le second groupe, le groupe contrôle, a uniquement été mis sous chimiothérapie et bévacizumab. Résultat, « l’approche thérapeutique complète a diminué le risque de progression de la maladie ou de décès de 37 %. La survie sans progression (SSP) médiane était respectivement de 24,2 mois dans le groupe ‘thérapie complète’, contre 19,3 mois dans le groupe contrôle », résume le Pr Philipp Harter, principal auteur de l’étude***.
Le cancer de l’ovaire est la septième tumeur la plus fréquente en France dans la population féminine. Chaque année dans l’Hexagone, ce cancer touche 5 200 nouvelles patientes, et coûte la vie à 3 500 femmes.
*American Society of Clinical Oncology (ASCO)
** UCLA Jonsson Comprehensive Cancer Center, Los Angeles, Etats-Unis
*** Department of Gynaecology and Gynaecologic Oncology, Evangelische Kliniken Essen-Mitte, Germany
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Source : American Society of Clinical Oncology, organisé à Chicago du 2 au 6 juin 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet