Cancers pédiatriques : la fertilité diminuée des hommes

28 janvier 2020

Les hommes ayant souffert d’un cancer dans leur enfance sont exposés à une diminution de leur fertilité. Et les effets de la chimiothérapie y sont pour quelque chose. Explications.

La chimiothérapie diminue la fertilité masculine lorsque le cancer est diagnostiqué à l’âge adulte. Mais qu’en est-il lorsqu’une tumeur atteint un petit garçon ? Ce même phénomène survient-il, lorsque le jeune est devenu adulte ?

C’est la question que se sont posés des chercheurs québécois de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS, Laval). Pour y répondre, l’équipe du Pr Géraldine Delbès a suivi 13 patients*, « tous survivants de leucémie et de lymphomes pédiatriques ». Une toute petite cohorte mais qui constitue un très bon point de départ pour faire avancer la recherche en oncologie. D’autant que « l’effet de l’âge au moment du diagnostic ainsi que le type de traitement sur la qualité ou la production des spermatozoïdes restent encore mal compris ».

Les testicules prépubères sensibles à chimiothérapie

Les spermogrammes et les endommagements de l’ADN de chacun des 13 patients ont été analysés. Et comparés entre « patients diagnostiqués avant et après la puberté, et des hommes sans antécédents de cancer ». Tous étaient sous chimiothérapie, traitement composé en partie « d’agents alkylants liés à la diminution de la production de spermatozoïdes à long terme ».

Résultat, « on pense souvent que les traitements contre le cancer chez les garçons prépubères n’auront pas d’effet sur leur fertilité, car leurs testicules seraient “dormants”. En réalité, le testicule prépubère n’est pas insensible aux chimiothérapies », atteste le Pr Delbès.

Ainsi, les anthracyclines – entrant aussi dans la composition des chimiothérapies – ne nuiraient non pas à la quantité des spermatozoïdes mais potentiellement à leur qualité. Ces anthracyclines provoquent « des anomalies dans la chromatine** et l’ADN des spermatozoïdes à long terme. Selon elle, ces anomalies sont souvent associées à des problèmes d’infertilité et un mauvais développement embryonnaire ».

Des études de plus grande ampleur sont nécessaires. Mais ces résultats mettent l’accent sur l’importance d’orienter autant que possible les jeunes patients vers une préservation de la fertilité. « Grâce au succès des traitements contre le cancer, la qualité de vie à long terme devient une préoccupation majeure », souligne Géraldine Delbès.

*en collaboration avec le Centre universitaire de santé McGill (CUSM)

**substance présente dans le noyau des cellules

  • Source : Institut national de la recherche scientifique (INRS), PLOS One, le 22 janvier 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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