Candida Auris : ce qu’il faut savoir sur ce champignon « tueur des hôpitaux »
04 avril 2023
Il inquiète les hôpitaux du monde entier. Le Candida Auris a fait l’objet d’une alerte récente par les autorités sanitaires américaines. Résistant aux traitements et difficiles à identifier, il s’est multiplié ces dernières années dans les établissements de santé américains et peut être mortel chez les personnes les plus vulnérables.
Il a été surnommé « le tueur des hôpitaux ». Le Centre américain de surveillance et de prévention des maladies (CDC) a classé le Candida Auris comme « une menace urgente » pour la santé publique, dans un communiqué de presse publié le 20 mars dernier.
C. Auris a été découvert dans le conduit auditif d’un patient hospitalisé dans un hôpital japonais, en 2009. Depuis, il se répand à un rythme alarmant en milieu hospitalier – Royaume-Uni, Espagne, Etats-Unis et Inde en tête, selon le Haut conseil de la santé publique (HCSP). Présent sur les 5 continents, seuls 6 cas ont été identifiés en France, selon le HCSP (2019).
Le plus souvent bénin chez les personnes en bonne santé, le germe est responsable d’infections fongiques nosocomiales pouvant être mortelles chez les plus fragiles. « Les personnes très malades, équipées d’un dispositif médical ou qui réalisent des séjours répétés ou prolongés dans des établissements de santé présentent un risque élevé d’être contaminées par le C. Auris », note le CDC dans son communiqué de presse.
Observé pour la première fois en 2016 aux Etats-Unis, ce champignon, une espèce de levure, se déploie depuis comme une traînée de poudre. Entre 2019 et 2021, le nombre de cas cliniques est passé de 476 à 1 471. Au 31 décembre 2021, 3 270 cas de contamination avec infection ont été détectés, 7 413 cas sans infection. Le CDC constate que le nombre de cas a continué d’augmenter sensiblement en 2022.
Pourquoi le C. Auris est-il inquiétant ?
Ce qui inquiète tout particulièrement les autorités sanitaires, c’est la grande résistance du C. Auris aux traitements antifongiques disponibles. Il est en outre difficile à identifier et peut passer entre les mailles du filet si le laboratoire ne dispose pas d’une technologie spécifique. Déjà à l’origine de plusieurs épidémies dans des établissements de santé, il est pourtant primordial de pouvoir le dépister rapidement chez les patients porteurs.
Les symptômes causés par le C. Auris dépendent de la zone de contamination. Ils peuvent être cutanés, lors d’infections superficielles notamment. Certains patients présentent aussi un état grippal, accompagné de fièvre et de frissons. Chez les personnes immunodéprimées, les symptômes du C. Auris peuvent être beaucoup plus graves lors d’infections invasives (sang, voies urinaires, os, méninges…).
Le HCSP pointe la gravité du champignon chez les personnes vulnérables : « les infections invasives sont associées à un taux de létalité élevé, essentiellement attribuable aux nombreuses comorbidités observées chez les patients infectés ou colonisés. »
Comment se transmet le C. Auris ?
« Le Candida auris se transmet principalement par contact direct avec les mains contaminées d’une personne porteuse ou infectée, avec celles du personnel soignant ou encore par contact indirect avec des surfaces et des objets contaminés », explique le gouvernement du Québec sur son site Internet.
Les traitements sont les médicaments antifongiques, mais certains C. Auris sont résistants à l’ensemble des remèdes disponibles. Ainsi le dépistage apparaît primordial dans la lutte contre le champignon. Identifier les personnes porteuses en amont, notamment à l’hôpital, permettra de contrer sa propagation et les infections qu’il occasionne.
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Source : Le Haut conseil de la santé publique, le Centre américain de surveillance et de prévention des maladies, le ministère de la Santé du Québec
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche