











Accueil » Santé Publique » Médicaments » Cérivastatine : un pétard mouillé ?
Le rapport “explosif” rendu selon un quotidien du matin “contre Bayer”, le fabricant de cet anti cholestérol retiré du marché durant l’été 2001, ressemble plutôt à un pétard mouillé. D’autant qu’il est… favorable à la société dans ses conclusions.
Il y a en effet des coïncidences si troublantes que “l’affaire” pourrait bien se trouver davantage dans le circuit emprunté par le fameux rapport Girard que dans son contenu même… Quelques explications et d’abord, un bref rappel des faits.
Le 8 août 2001 Bayer décide de retirer du marché mondial la cérivastatine, Staltor ou Cholstat en France. Ni les autorités françaises ni le corps médical ne sont pris au dépourvu ! L’alerte avait été lancée le 16 juillet par l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (Afssaps). Elle soulignait d’ailleurs deux points d’importance pour les malades français : que d’une part aucun décès n’avait été enregistré dans notre pays et que d’autre part, l’alerte en question concernait les seuls patients traités à la fois par la cérivastatine et le gemfibrozil, un autre médicament anti cholestérol.
A l’Afssaps, le ton est toujours resté calme. ” Les statines vont être assez grandes pour se défendre elles-mêmes “, expliquait son responsable des Affaires médicales à la direction de l’Evaluation des médicaments. Il confirmait ainsi que le retrait de ce médicament ne remettait pas en cause les autres statines, ni l’évaluation du rapport bénéfice/risque des différents médicaments qui appartiennent à cette classe thérapeutique.
Alors pourquoi aujourd’hui ce rebondissement tonitruant ? Parce que le rapport du Dr Marc Girard, remis voici un mois au juge d’instruction chargé d’instruire les plaintes de patients – et théoriquement couvert par le secret de l’instruction – critique certaines pratiques commerciales du fabricant ? Celles-ci ont été révélées de longue date, de sorte que cette révélation ” explosive ” semble bien surfaite.
Ce qui est troublant, c’est que le même expert et le même média s’étaient projetés sur la place publique dans des conditions étroitement similaires voici un peu plus de deux ans, dans le cadre de procédures en cours concernant une autre ” affaire “, celle des troubles supposés liés à la vaccination contre l’hépatite B. A cette époque l’expertise du Dr Girard avait été sévèrement récusée. L’ancien ministre de la Santé Bernard Kouchner, mis en cause dans ses pages, avait alors souligné que ” les expertises judiciaires à ce propos sont (…) entachées de partialité “.
Troublante à première vue, la coïncidence paraît à l’examen plutôt inquiétante. Le Dr Girard est certes une personnalité médiatique. A l’instar de quelques attorneys d’outre-Atlantique, il a même son site internet personnel. Ce souci de transparence n’est pas du goût de tous et ses méthodes sont parfois vertement contestées. De sorte que pour certains ces nouvelles ” révélations ” – qui rappelons-le n’en sont pas – évoquent davantage les méthodes de l’agit-prop qu’une véritable volonté d’informer.
Source : Etablissement français des Greffes, 2004
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