Cerveau : d’où vient le désir ?

25 mai 2020

Pourquoi les mammifères tendent-ils à se mettre en couple ? Ou du moins à nouer des relations sociales et physiques durables. Selon des chercheurs américains, le lien et le désir dépendraient de zones très précises de notre cerveau.

Nous éprouvons tous le besoin de relations physiques et sociales, de créer des liens, et de les entretenir sur le long terme. Mais comment expliquer cette attitude ?

Selon le Pr Zoe Donaldson, spécialiste en neuroscience comportementale, « maintenir nos relations nécessite un certain degré de motivation pour retrouver la personne désirée et rester avec elle ». Mais de quelles structures neurologiques dépendent cet élan des retrouvailles, ce besoin de passer toujours plus de temps avec ?

Pour répondre à cette question,  le Pr Donaldson a localisé – chez le rongeur – les régions du cerveau impliquées dans notre instinct à créer du lien. La scientifique a observé les réactions neurologiques à trois moments différents : quand le petit animal en rencontrait un autre, lors du deuxième rendez-vous fixé trois jours après et un troisième à 20 jours. Un groupe contrôle a été composé à partir de rongeurs privés de toute vie sociale.

Des neurones et des hormones

Résultat, « une hausse de l’activité neuronale était observé dans le noyau accumbens** des rongeurs lorsque ces derniers étaient sur le point de se retrouver ». Chez l’humain, des scientifiques ont demandé à des volontaires de tenir la main de l’élu de leur cœur puis à de parfaits inconnus. « Dans le second cas, l’activité du noyau accumbens était altérée » La preuve que le stimulus du plaisir ne déclenche pas les mêmes réactions dans le cerveau en fonction du lien de proximité établi avec la personne touchée. Autre point, « les hormones chimiques de l’attachement et du plaisir, comme l’ocytocine, la dopamine et la vasopressine, jouent un rôle essentiel dans ce maintien du lien ». 

Ces résultats constituent des pistes pour mieux comprendre les altérations du comportement social, notamment chez les patients « souffrant d’un trouble du spectre autistique ou de dépressions sévères », ou toutes autres fragilités caractérisées par des défauts « de connections émotionnelles ». 

*University of Colorado Boulder

** zone du cerveau siège de la récompense, alimentée par deux neurotransmetteurs : la dopamine, stimulant l’envie et le désir, ainsi que la sérotonine, qui vient compenser les effets de la dopamine 

  • Source : Proceedings of the National Academy of Sciences, le 11 mai 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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