Cerveau : plus de plastiques que dans les autres organes ?

12 février 2025

C’est ce que suggère une étude menée par des chercheurs de l’Université du Nouveau Mexique : les quantités de plastique sont plus importantes dans le cerveau que dans les autres organes. Autre découverte : la taille des microparticules est bien plus petite que ce que n’imaginaient les scientifiques.

Une concentration de microplastiques plus dense dans le cerveau que dans d’autres organes. Voici ce que suggèrent les résultats d’une étude de scientifiques de l’université du Nouveau Mexique (Etats-Unis), publiée le 3 février dans la revue Nature Medicine. Plusieurs études ont démontré que des microplastiques s’accumulent dans des organes du corps humain depuis des années ; « un demi-siècle », selon les auteurs de la présente étude. Foies, reins, placentas, testicules, cerveaux… ces minuscules fragments de polymères dégradés sont présents dans l’eau, le sol, l’air et pénètrent dans le corps humain.

Selon la présente étude, les quantités de plastique seraient supérieures dans le cerveau aux quantités présentes dans le foie, les reins, le placenta et les testicules. En outre, l’accumulation de plastique dans le cerveau semble augmenter de manière exponentielle, avec une hausse de 50 % entre 2016 et 2024. Pour parvenir à ces résultats, les chercheurs ont pu analyser les tissus cérébraux post-mortem mis à disposition par le Bureau des enquêteurs médicaux du Nouveau-Mexique. Les tissus les plus anciens dataient de 2016, les plus récents de 2024. Tous les échantillons ont été prélevés dans le cortex frontal.

Un lien avec la démence ?

Les analyses ont permis de distinguer 12 polymères différents, dont le plus courant était le polyéthylène, largement utilisé dans les emballages, bouteilles et gobelets. Des éclats de plastiques de moins de 200 nanomètres, à peine plus gros que des virus, ont été observés ; ces particules sont beaucoup plus petites que ce qu’on imaginait auparavant. Une taille suffisamment petite également pour traverser la barrière-encéphalique. Mais pour l’heure, les scientifiques sont incapables d’expliquer précisément comment ces plastiques sont transportés dans le cerveau.

Autre enseignement de l’étude. Les tissus cérébraux des personnes chez qui une démence avait été diagnostiquée présentaient des quantités de plastique parfois 10 fois supérieures à celle des autres personnes. La concentration de plastique a-t-elle causé la maladie ou bien le processus de la maladie est-il à l’origine de la maladie ? Les chercheurs, n’ont, à ce stade, pas la réponse à cette question.

Une interférence dans les différentes connexions du cerveau ?

Quelle est l’action de ces plastiques dans le cerveau ? Les caractéristiques physiques des plastiques et non leur toxicité pourraient être le véritable problème. « Nous commençons à penser que ces plastiques peuvent obstruer la circulation sanguine dans les capillaires », a déclaré dans un communiqué le toxicologue Mathew Campen, directeur de l’équipe de chercheurs. « Il est possible que ces nanomatériaux interfèrent avec les connexions entre les axones du cerveau. Ils pourraient également favoriser l’agrégation de protéines impliquées dans la démence. Nous ne le savons tout simplement pas ».

Ces résultats soulignent la nécessité cruciale de mieux comprendre les voies d’exposition, d’absorption et d’élimination, ainsi que les conséquences potentielles des plastiques sur la santé des tissus humains, en particulier du cerveau.

  • Source : Nature medecine, Bioaccumulation of microplastics in decedent human brains, 3 février 2025 – Université du Nouveau Mexique

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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