Un champignon contre la mucoviscidose ?
28 novembre 2017
@ MNHN/CNRS – Christine Bailly
Un banal champignon comestible peut-il aider à combattre des maladies génétiques ? Des chercheurs français* viennent en effet de mettre en évidence une activité significative d’un extrait du champignon Lepista inversa, sur des cellules de patients atteints de mucoviscidose.
Environ 10% des malades atteints de maladies génétiques rares, telles que la mucoviscidose ou la myopathie de Duchenne sont porteurs d’une mutation non-sens, c’est-à-dire d’un changement dans la séquence de l’ADN. Cette mutation arrête prématurément la synthèse des protéines issues des gènes mutés.
Dès lors, les protéines obtenues sont tronquées et dysfonctionnent. Incapables d’assurer leur rôle au sein de l’organisme, elles entrainent des conséquences délétères: obstruction des bronches et incapacité respiratoire dans la mucoviscidose et destruction des muscles dans la myopathie.
A la cueillette…
Deux équipes françaises ont réussi à montrer que l’extrait d’un champignon, Lepista inversa ou clitocybe inversé, est capable de restaurer très efficacement l’expression de gènes humains présentant des mutations non-sens sur des cellules en culture.
« Quand on sait qu’il suffit de restaurer 5% de protéines fonctionnelles dans la mucoviscidose pour enrayer les conséquences de la maladie, ces travaux sont extrêmement encourageants », estiment les auteurs. Lesquels précisent que cette stratégie présente aussi l’avantage de ne pas toucher au patrimoine génétique des patients.
« Cette découverte est porteuse d’espoir car ce champignon, bien que non prisé pour ses qualités gustatives, est comestible », explique Fabrice Lejeune, chercheur à l’Inserm. « Il est de plus très courant. Il pousse en Ile-de-France et dans diverses régions de France et d’Europe. »
Notons tout de même que les étapes pour aboutir à une réelle stratégie thérapeutique sont encore longues. « Il faut encore que l’on arrive à purifier les molécules d’intérêt présentes dans cet extrait puis les tester in vivo pour contrôler leur efficacité sur le long terme et l’absence de toxicité. »
*Laboratoire Mécanismes de la Tumorigenèse et Thérapies Ciblées (CNRS, Université de Lille, Institut Pasteur de Lille) et laboratoire Molécules de Communication et Adaptation des Microorganismes (MNHN, CNRS)