Changement climatique : comment ne pas se laisser submerger par l’éco-anxiété ?

15 janvier 2025

Le changement climatique, tout comme la destruction de la biodiversité et la pollution, représentent de sérieuses raisons de s’inquiéter pour l’avenir de l’humanité. Ceux qui sont concernés souffrent d’éco-anxiété. Mais parfois cette réaction naturelle à une situation réelle peut se transformer en angoisse pathologique.

Éco-anxieux. Ce terme récent concerne de plus en plus de personnes. Il désigne « l’inquiétude plus ou moins intense associée à l’exposition prolongée aux conséquences directes du dérèglement climatique ou aux informations associées », définit le Réseau des professionnels de l’Accompagnement Face à l’Urgence Ecologique (RAFUE). « C’est une réaction tout à fait intuitive et légitime face à la mise en danger de notre propre survie en tant qu’espèce », indique Pauline Ayora, psychologue spécialisée dans l’éco-psychologie et membre du RAFUE. « Il est donc important d’insister sur le fait que l’éco-anxiété n’est pas pathologique en soi », rappelle-t-elle. Mais cette anxiété peut néanmoins le devenir si elle entraîne de la souffrance et retentit négativement sur la vie du patient.

Jeunes et moins jeunes concernés

Cette préoccupation partagée à divers degrés par beaucoup concerne particulièrement certaines catégories de population. Les enfants, très sensibles à la nature et aux animaux menacés, sont largement impactés par cette préoccupation. Et les jeunes de manière générale d’ailleurs se sentent très concernés par la question. Une étude de 2021 menée par l’Université de Bath (Royaume-Uni) auprès de 10 000 jeunes de 16 à 25 dans 10 pays a montré que 59 % d’entre eux étaient extrêmement inquiets concernant les conséquences du changement climatique.

Les adultes ne sont pas en reste. Parmi eux, « ceux qui travaillent au contact de la terre ou de la mer le ressentent en plus grande proportion car ils constatent directement les effets du changement climatique sur l’environnement et leur propre vie », décrit Pauline Ayora. « Les militants écologistes constituent une autre catégorie de population très impactée par l’éco-anxiété. Enfin, les moments de vie charnière, comme l’entrée dans la vie active, dans la parentalité ou encore le passage à la retraite sont propices à développer ce type d’anxiété », complète-t-elle.

Que faire si l’éco-anxiété vous submerge ?

Si cette anxiété vous ronge au point de vous empêcher de mener votre vie, n’hésitez pas à consulter un psychologue ou à en parler avec votre médecin.

Vous pouvez aussi mettre en œuvre plusieurs actions pour ne pas être submergé par ces émotions. « La première chose que je recommande à mes patients est de faire une détox médiatique », indique Pauline Ayora. Car « il est fréquent que les personnes éco-anxieuses se mettent à consulter beaucoup les médias et Internet pour confirmer leur sentiments ». Or cela peut générer encore plus d’anxiété et entrainer des ruminations mentales.

Autre conseil : « se rapprocher de personnes qui partagent les mêmes inquiétudes afin de se mobiliser ensemble. C’est une façon de se sentir mieux, d’aligner ses actions et ses convictions », poursuit la psychologue. Enfin, « passer du temps près de la nature, du vivant qui va bien, peut être un grand soulagement ».

Et en tout cas, « il est important d’accepter de ressentir des émotions négatives face à la situation. C’est normal et vous n’êtes pas seuls », conclut-elle.

  • Source : Interview de Pauline Ayora, psychologue spécialisée dans l’écopsychologie – RAFUE - University of Bath

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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