Chez les nourrissons, la salmonellose se traite à l’hôpital
11 janvier 2018
Dmitry Kalinovsky/shutterstock.com
Ces derniers jours, plusieurs enseignes de la grande distribution ont reconnu avoir continué à vendre du lait 1er âge produit par Lactalis malgré le retrait/rappel. Le risque de contamination des nourrissons par la salmonelle retrouvée dans ces lots est donc augmenté par cette faille. Quels sont les risques pour la santé des tout-petits ? Le point avec le Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l’Hôpital intercommunal de Créteil.
« Une salmonellose constitue une infection potentiellement grave chez un nourrisson de moins de 6 mois », souligne le Pr Robert Cohen. D’autant qu’à cet âge, « nourris exclusivement de lait, les enfants ne devraient en principe pas être exposés à des germes très souvent présents dans les œufs, la viande »… Un rappel nécessaire alors que l’affaire Lactalis se poursuit. Plusieurs enseignes de la grande distribution ont continué à vendre des laits 1er âge pourtant retirés du marché sur ordre des autorités sanitaires.
Or « si tous les lots avaient bien été retirés sur le champ, il y aurait eu moins d’enfants contaminés », estime le pédiatre. En effet, « la durée d’incubation est de 48 heures maximum et ce germe n’a pas de conséquences à distance ». En d’autres termes, on ne peut pas développer des symptômes plusieurs jours ou semaines après l’exposition.
Risque de déshydratation et de bactériémie
Pourtant, « plus de 40 enfants », selon la CLCV, sont bien tombés malades suite à l’absorption d’un lait issu de la production de l’usine de Craon en Mayenne. Et les conséquences auraient pu être encore plus dramatiques.
En effet, les risques auxquels sont exposés des 4-6 mois lors d’une toxi-infection par salmonelles sont loin d’être anodins. Au risque de déshydratation dû aux vomissements et à la diarrhée, potentiellement fatal chez un tout petit, s’ajoute celui d’une bactériémie. « Le germe peut ainsi migrer dans le sang et aller se greffer au niveau des méninges, des os… », précise Robert Cohen. C’est pourquoi « une antibiothérapie par voie intraveineuse est indiquée ».
C’est d’ailleurs pourquoi, dans le cas où un nourrisson présenterait encore des symptômes intestinaux – diarrhée, vomissements, fièvre – il est impératif de consulter un médecin rapidement. « Une coproculture est alors demandée permettant de confirmer ou d’infirmer la contamination par le germe », explique le Pr Cohen. Si la salmonelle est bien présente, « une prise en charge à l’hôpital est nécessaire avant 6 mois ».
Portage chronique ? Pas d’inquiétude
Toutefois, une fois l’enfant guéri, « il ne faut pas chercher à savoir si la bactérie est toujours présente », souligne le Pr Cohen. Le petit sera sans doute porteur chronique pendant quelques temps. « Plusieurs jours, mois voire un ou deux ans », précise-t-il. Ensuite, à un moment donné « le microbiome intestinal se débarrasse de la bactérie », rassure le pédiatre. Ce qui ne doit, pour autant, pas inquiéter les parents. « A moins d’une faute d’hygiène majeure, cet état est sans danger particulier car la salmonelle est peu contagieuse ». Il est toutefois important de bien se laver les mains avant de préparer le repas, avant de s’occuper d’un bébé et après être allé aux toilettes.
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Source : interview du Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue à l’Hôpital intercommunal de Créteil, 11 janvier 2018 – CLCV, 11 janvier 2018
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet