Choc toxique lié aux règles: une bactérie incriminée

19 octobre 2016

Le syndrome du choc toxique (SCT) lié aux règles est une maladie infectieuse survenant chez les femmes, généralement jeunes. Le port d’une protection périodique vaginale favorise la prolifération d’une souche de staphylocoque doré qui libère la toxine responsable du SCT. Pour étudier de plus près ce phénomène en augmentation, le Pr Gérard Lina du centre national de référence des Staphylocoques des Hospices Civils de Lyon, collecte des tampons usagés.

Contrairement à une idée reçue, la toxine à l’origine du choc toxique ne provient pas du tampon lui-même mais d’un staphylocoque doré. C’est une souche de cette bactérie, naturellement présente chez certains individus, qui libère la toxine lorsqu’elle est en nombre suffisamment important. Le port de protections périodiques intra-vaginales (tampons, coupe menstruelles ou éponges) est le déclencheur de ce phénomène rare mais grave. Et en augmentation depuis les années 2000.

« Du fait de l’utilisation de tout type de protection vaginale, le sang bloqué au niveau du vagin est en contact avec le staphylocoque », explique le Pr Lina. « Plus on laisse la bactérie en contact avec le flux menstruel qui lui sert de milieu de culture, plus elle se multiplie. » Suffisamment développée, elle produit la toxine, qui elle-même peut passer dans le sang à partir du vagin. C’est à ce moment-là que la patiente développe la maladie.

sct4Une urgence vitale
Les premiers signes d’alerte sont une fièvre soudaine, des nausées et des vomissements, une diarrhée, une éruption ressemblant à un coup de soleil, des maux de tête. Lesquels empirent si la patiente conserve le mode de protection. Si vous ressentez ces symptômes, retirez votre tampon ou votre coupe menstruelle et consultez immédiatement un médecin ou contactez les urgences. Il s’agit d’une urgence vitale car cette maladie aiguë peut être grave, dans les cas extrêmes, conduire au décès.

« On estime à 1 sur 200 le nombre de femmes susceptibles de développer ce choc en France », indique Gérard Lina. Or « heureusement, l’incidence est bien inférieure », précise-t-il. Et la mortalité est estimée à environ 1%.

Des anticorps naturellement protecteurs ?

« Tout d’abord, le staphylocoque faisant partie de la flore normale, les individus porteurs développent des anticorps protecteurs. » Sauf que « 10% de la population n’en produit pas, sans que l’on sache pourquoi ». Les personnes à risque sont donc celles « porteuses de la bactérie mais qui n’ont pas d’anticorps », analyse-t-il. La plupart étant par ailleurs des adolescentes ou des jeunes adultes. « L’âge a son importance puisque la probabilité d’avoir été porteuse de la bactérie et donc d’avoir des anticorps augmente avec le temps. ».

Autre explication : le rôle de la flore vaginale. « Certaines bactéries pourraient apaiser la virulence du staphylocoque ou être capables au contraire l’exacerber », note-t-il. Mais « nous n’en savons pas plus pour le moment. » Voilà pourquoi le Pr Lina et son équipe mènent plusieurs travaux sur le sujet. Ils collectent notamment des tampons usagers, afin de disposer de suffisamment d’échantillons bactériens pour comprendre l’augmentation du SCT.

Pour les aider, demandez votre kit d’envoi à gerard.lina@univ-lyon1.fr.

  • Source : interview du Pr Gérard Lina du centre national de référence des Staphylocoques des Hospices Civils de Lyon, 19 octobre 2016 – Hospices Civils de Lyon, 19 octobre 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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