Choléra en Haïti : l’ONU avoue sa responsabilité

22 août 2016

Depuis octobre 2010, l’épidémie de choléra aurait fait au moins 10 000 morts en Haïti. Bien plus selon les données relevées sur le terrain. Suite à la publication d’un rapport interne, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a confirmé sa responsabilité dans la propagation de cette maladie infectieuse. En cause, l’arrivée dans le pays de Casques Bleus de retour d’une mission au Népal, eux-mêmes contaminés par cette maladie diarrhéique aiguë.

En janvier 2010, Haïti était secoué par l’un des plus intenses séismes jamais survenus dans ce pays. Près de 9 mois plus tard le choléra faisait son retour après plus d’un siècle d’absence. Dès le début de l’épidémie, le Pr Renaud Piarroux, chef du laboratoire de parasitologie de la Timone (AP-HM), alertait sur l’implication de l’ONU. Une bactérie véhiculée par les Casques Bleus au retour du Népal. Jusqu’ici, malgré les nombreuses études scientifiques corroborant ces résultats, l’autorité onusienne avait toujours nié sa responsabilité.

Mais cette dernière est récemment revenue sur sa position. Après 6 ans de « combat scientifique, [Farhan Haq], le porte-parole du secrétaire Général vient de reconnaître la responsabilité de l’ONU dans cette catastrophe », atteste le Pr Piarroux. Au total, « la maladie a atteint plus de 800 000 personnes et provoqué 10 000 décès depuis 2010», selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Mais ces données chiffrées ne sont que des estimations, « comme le prouve une étude scientifique diligentée par Médecins sans Frontières (MSF) et Epicentre », continue le Pr Piarroux.

Le porte-parole de l’ONU promet par ailleurs « une implication bien plus forte de l’organisation dans le financement de la lutte » pour répondre aux demandes de dédommagements des familles touchées. « Cette nouvelle apporte un espoir considérable », indique le Pr Piarroux. Une priorité alors que le nombre de cas répertoriés repart à la hausse depuis deux ans.

A noter : Liée à l’ingestion d’aliments ou d’eau infectés par le vibrion cholérique, le choléra se soigne dans 80% des cas à l’aide de sels de réhydration orale. Mais cette stratégie médicamenteuse perd toute son efficacité sans précaution sanitaire : un approvisionnement en eau plus sûre et une amélioration des conditions d’assainissement.

  • Source : Communiqué de l’AP-HM, le 19 août 2016. Organisation mondiale de la Santé (OMS), site consulté le 18 août 2016.

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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