Sevrage tabagique : quand les poumons passent en mode nettoyage

29 décembre 2025

Arrêter de fumer est tout bénéfice pour l’organisme. Le risque cardiovasculaire, respiratoire et la qualité de vie s’améliorent, très rapidement pour certains aspects et sur le long terme de manière globale. Mais ce que l’on dit rarement aux candidats au sevrage, c’est que durant les premières semaines, ils peuvent connaître quelques petits désagréments, signes de la remise en état de l’arbre bronchique. Respirer mieux, ça commence parfois par tousser.

Toux, crachats, une production importante de mucus qu’il faut bien évacuer… ces manifestations transitoires juste après l’arrêt du tabac peuvent désarçonner la personne qui ne fume plus depuis quelques jours à quelques semaines. Tousser beaucoup, cracher des glaires même plus que de coutume « est un effet secondaire transitoire, généralement durant deux à trois semaines, estime le Pr Jacques Cornuz, membre du conseil d’administration de la Société française de tabacologie et professeur à l’Université de Lausanne (Suisse). Cela n’est cependant pas un passage obligé, je dirais même que c’est plutôt rare, aux alentours de 5 à 10 % des personnes en processus d’arrêt du tabagisme. »

Pourquoi ce surcroît de symptômes que l’on pourrait penser appartenir au passé du fumeur ?

« À ma connaissance, il n’y a pas d’explication solide, répond le médecin interniste et tabacologue. On évoque un déséquilibre transitoire entre la fin de l’agression de la fumée et l’évolution physiologique du tractus respiratoire. Pour ma part, j’ai l’habitude de dire aux patients qui s’en plaignent que cette toux passagère et ces crachats, qui semblent s’éterniser alors qu’ils ont pourtant abandonné l’intoxication tabagique, est la résultante de ce déséquilibre transitoire et permet “aux poumons de se nettoyer” ! »

Un signe physiologique plutôt encourageant ?

A la question d’un lecteur inquiet de savoir si ce phénomène est normal en post-sevrage tabagique, Tabac Info service est également rassurant : « depuis votre arrêt total du tabac, votre sphère ORL (bouche, nez, gorge…) et vos poumons recommencent à fonctionner normalement. Pendant ces “travaux de rénovation”, il y a une sécrétion plus importante de mucus qui peut s’accumuler et provoquer des glaires. Si elles n’ont pas de couleur particulière et ne contiennent pas de sang coagulé, ce n’est pas alarmant. »

Au contraire, ces désagréments montrent que dans les bronches, tout revient à la normale. La toux et les crachats prouvent que les cils vibratiles qui tapissent la gorge et les cellules qui tapissent les bronches (l’épithélium bronchique) se remettent à faire leur travail et évacuent les déchets ; ce qu’ils ne pouvaient plus effectuer correctement lorsque la personne fumait. On parle en langage médical de reprise de la clairance mucociliaire, et d’augmentation transitoire de la toux et des expectorations après l’arrêt du tabac.

Les médecins connaissent bien cette hyperréactivité bronchique post-sevrage. Elle correspond à la sensation d’irritation des bronches, provoquée par le passage incessant de fumée de tabac pendant les années de tabagisme. Les bronches mettent un certain temps à évacuer les résidus de fumée et, durant cette période, restent irritées, gonflées et très sensibles. Cette situation peut aussi expliquer que des nouveaux ex-fumeurs disent se sentir particulièrement essoufflés.

Pour limiter ces désagréments, pas de remèdes miracle : patienter et s’aider de petites astuces comme boire beaucoup d’eau, pratiquer une activité physique et des exercices de respiration.

Si néanmoins ces symptômes persistent et vous gênent dans votre quotidien, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant.

A noter : que penser des affirmations d’anciens fumeurs qui mettent en relation leur récent sevrage tabagique et la survenue d’infections bronchiques ? « Jusqu’à preuve du contraire, une éventuelle infection virale respiratoire est fortuite », commente Jacques Cornuz. Mais attention, si la personne contracte des infections pulmonaires difficiles à traiter et répétées, « cela doit l’inciter à consulter ».

  • Source : Interview du Pr Jacques Cornuz (10/12/25) ; Tabac Info service (consulté le 11/12/25) ; La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et l’emphysème par Santé respiratoire France (consulté le 11/12/25).

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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