Conduire après un AVC ?
18 février 2015
La reprise de la conduite n’est pas automatique chez tous les patients victimes d’un AVC. ©Phovoir
En France, un accident vasculaire cérébral (AVC) survient toutes les 4 minutes. Une fois stabilisés, 6 patients sur 10 présentent des séquelles neurologiques et/ou motrices dans le premier mois de convalescence. Parfois invalidantes au quotidien, elles peuvent altérer la concentration et la réactivité au volant.
Après un AVC, la partie du cerveau mal ou plus irriguée peut être endommagée. Plus ou moins graves, certaines séquelles sont temporaires, d’autres persistent dans le temps. Ainsi trente jours après l’accident, des troubles de la concentration, de repérages dans l’espace voire de paralysies peuvent survenir. Ainsi, moins alertes et plus rapidement déboussolés, « les patients sont exposés à une conduite à risque », viennent de confirmer des chercheurs canadiens.
Pour le prouver, l’équipe du Dr Megan A. Hird, de l’Hôpital Saint Michel (Toronto, Canada) a observé l’habileté au volant de 10 patients victimes d’un AVC, dans les 7 jours suivant l’accident. Sur des simulateurs de conduite, chacun a été soumis à une batterie d’exercices : maintien de la trajectoire, virage à droite puis à gauche, suivi d’un bus, autant d’exercices faisant appel à la vigilance. Des volontaires n’ayant jamais été victimes d’un AVC ont ensuite passé les mêmes tests.
Quels blocages au volant ?
Résultat, les patients du groupe AVC « ont fait 2 fois plus d’erreurs que les autres. Ces dernières survenaient en majorité lorsqu’il s’agissait de tourner à gauche ou de prendre en compte les informations (voitures, piétons…) provenant de la gauche. Lorsqu’il s’agissait de suivre un véhicule en respectant les distances de sécurité, les erreurs étaient 4 fois plus fréquentes chez les patients victimes d’un AVC ». Plusieurs séquelles post-AVC peuvent en effet interférer avec la conduite :
- L’héminégligence, c’est-à-dire lorsque le cerveau ne perçoit que la moitié de ce qui l’entoure ;
- Les capacités motrices comme des hémiplégies ou des paralysies partielles ;
- Les troubles de la vue comme l’hémianopsie : une diminution ou une perte de la vue dans une moitié de champ visuel de l’un ou des deux yeux ;
- La fatigabilité et les effets secondaires des médicaments, lesquels peuvent altérer la réactivité au volant.
« Même si le déficit est diagnostiqué comme léger et réversible, ces facteurs de risque existent. Un mois sans conduite s’impose après l’hospitalisation avant de reprendre progressivement le volant », ont estimé les chercheurs.
En France, la loi n’impose pas de délai sans conduite. Le maintien ou le retrait temporaire du permis de conduire sont des décisions prises au cas par cas. Si vous êtes concernés, n’hésitez pas à en parler à l’équipe médicale qui vous suit : neurologue, médecin rééducateur, kinésithérapeute, ergothérapeute… lesquels vous guideront selon le stade et l’évolution des troubles. Sachez par ailleurs que certains centres d’éducation fonctionnelle et auto-écoles délivrent des cours de conduite spécialisés aux patients atteints de troubles moteurs et cognitifs.