Les conflits d’intérêt, un obstacle à l’allaitement

16 octobre 2017

Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande un allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois, la France reste à la traîne. Le taux d’allaitement à la sortie des maternités est parmi les plus faibles d’Europe. Dans le but de valoriser et défendre cette pratique bénéfique pour le nourrisson et la mère, l’édition 2017 de la semaine mondiale de l’allaitement maternel, du 15 au 22 octobre, se focalise sur la nécessité de lutter contre les conflits d’intérêt et le lobby de l’industrie.

Le taux d’allaitement à la sortie des maternités françaises est seulement de 70,5%. Un des plus faibles d’Europe. Alors que celui des pays scandinaves avoisine les 90%. Et que l’OMS préconise un allaitement exclusif jusqu’à… 6 mois ! A ce stade, le taux français n’est plus que de 1,5%.

Pourquoi un résultat si faible ?

« Il est important de réaliser que le marketing [pour les marques de lait artificiel] impacte directement la qualité de l’information accessible aux parents et aux professionnels et oriente la décision de soutenir, d’initier ou de poursuivre un allaitement », souligne la Coordination française pour l’allaitement maternel (CoFAM). Laquelle réaffirme qu’« il faut changer de paradigme, comprendre à qui profite le non-allaitement et protéger les familles de pratiques commerciales déloyales nuisibles à la santé publique et à l’autonomie des personnes ».

De son côté, le Collectif mondial pour l’allaitement maternel, en association avec l’OMS, appelle notamment  les pays à :

  • Accroître les financements en vue de faire augmenter les taux d’allaitement maternel de la naissance jusqu’à l’âge de 2 ans ;
  • Mettre en œuvre dans son intégralité le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel […] au moyen de dispositions juridiques strictes qui soient appliquées et fassent l’objet d’un suivi indépendant de la part d’organisations exemptes de tout conflit d’intérêt ;
  • Mettre en place des politiques de congés familiaux et d’allaitement sur le lieu de travail, en considérant comme normes minimales les mesures de protection de la maternité de l’Organisation internationale du Travail, y compris des dispositions portant sur le secteur informel.

Des bienfaits largement démontrés

« Il est prouvé que l’allaitement au sein présente des avantages sur les plans cognitif et sanitaire pour les nourrissons ainsi que pour leur mère », rappelle l’OMS. « Il est en particulier essentiel pendant les 6 premiers mois de la vie car il contribue à la prévention de la diarrhée et de la pneumonie, deux causes majeures de mortalité chez les nourrissons. » De leur côté, les mères qui allaitent présentent un risque réduit de cancer des ovaires et du sein.

« L’allaitement maternel est l’un des investissements les plus efficaces et les plus rentables qu’un pays puisse faire en faveur de la santé de ses plus jeunes habitants et de la santé future de son économie et de sa société », rappelle le directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake. « En n’investissant pas en faveur de l’allaitement maternel, nous manquons à notre obligation envers les mères et leurs nourrissons et payons une double pénalité: en vies perdues et en possibilités gâchées. »

  • Source : OMS, 1er août 2017 et 15 octobre 2017 - Coordination française pour l’allaitement maternel, 15 octobre 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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