Contraception : la pilule (toujours) en recul
27 septembre 2021
C’est l’Agence nationale du médicament qui le constate : en France, l’usage de la pilule comme moyen de contraception baisse en continu depuis près de dix ans. Sa gratuité jusqu’à 25 ans signera-t-elle son retour en grâce ?
L’annonce d’Olivier Véran début septembre a fait grand bruit. A partir du 1er janvier 2022, la pilule (tout comme les autres méthodes de contraception) sera gratuite pour les femmes jusqu’à l’âge de 25 ans (contre 18 précédemment). Pourquoi ? Parce qu’« une part encore trop importante des femmes n’a pas accès aux méthodes de contraception les plus efficaces pour des raisons essentiellement financières », explique le site Internet du gouvernement. Qui précise également que « cette mesure est motivée par le recul de l’usage de la contraception ».
La pilule poursuit en effet sa lente décrue entamée depuis près d’une dizaine d’année, indique l’Agence nationale du médicament (ANSM) dans sa livraison annuelle des chiffres des ventes des moyens contraceptifs, publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception le 26 septembre. « La vente des contraceptifs oraux (progestatifs seuls ou combinés à un estrogène) est en baisse régulière depuis 10 ans (environ -12 %) ; plus particulièrement, la baisse des contraceptifs oraux combinés est d’environ 33 % », précise l’ANSM.
DIU au cuivre
Car il y a pilule et pilule : en 2020, les pilules de 3e et 4e génération représentent 14% des ventes (48% en 2012). Les pilules de 1e et 2e génération, elles, ont logiquement connu un destin inverse : 52% des ventes en 2012, 86% en 2020 ! Un basculement qui date de 2013 et de la « crise de la pilule », qui a conduit au déremboursement des pilules de 3e et 4e génération en raison du risque de thrombose veineuse (phlébite, embolie pulmonaire) associé à leur utilisation.
Outre le report des utilisatrices vers les pilules des générations antérieures, l’ANSM note que « les progestatifs seuls utilisés comme contraceptif oraux sont de plus en plus utilisés avec une augmentation des ventes entre 2013 et 2020 de l’ordre de 77% ». Les dispositifs intra-utérins (DIU) au cuivre sont également en nette progression depuis une dizaine d’années, « avec un doublement des ventes sur cette période ». Les ventes des DIU et implants contenant des hormones, elles, sont stables.
Méthodes « traditionnelles »
Les raisons financières invoquées par le gouvernement sont-elles les seules causes de la désaffection des femmes pour la pilule ? Sans doute pas : selon un sondage Ifop* récemment mené auprès d’un millier de femmes, seules 2% de celles qui l’ont arrêtée citent son coût comme raison principale. Loin, très loin derrière la crainte d’effets secondaires plus ou moins importants (de l’acné à l’AVC) et la contrainte que représente la prise de ce moyen de contraception.
Dans ce même sondage, le préservatif et le stérilet sont les moyens de contraception alternatifs les plus plébiscités. Mais les méthodes « traditionnelles » comme le retrait du partenaire avant éjaculation, les crèmes spermicides ou la méthode Ogino sont citées par 7% des femmes interrogées. La même proportion déclare qu’elle n’utiliserait pas « d’autre moyen de contraception pour éviter une grossesse ».
* Sondage pour IllicoMed, réalisé en septembre 2018 auprès de 1084 femmes âgées de 15 à 49 ans. « Contraception : pourquoi les femmes délaissent-elle la pilule ? »
-
Source : gouvernement.fr, Ansm, Ifop, consultés le 27 septembre 2021
-
Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet