Contraception orale : les bénéfices sans les risques
25 janvier 2023
Les pilules occupent toujours la première place des moyens de contraception en France. Elles souffrent néanmoins d’une image dégradée et ne répondent que partiellement aux besoins des femmes. Pourtant il existe aujourd’hui des pilules efficaces et qui peuvent de plus améliorer la qualité de vie des femmes. Les explications du Dr Brigitte Letombe, gynécologue à Paris.
Quels sont les effets de la crise de 2013 ?
« Nous avons fait le constat suivant : il y a de moins en moins de femmes attirées par la contraception orale et notamment estro-progestative », explique le Dr Brigitte Letombe. « La preuve, leur prescription a diminué de 12% ces 10 dernières années. Un basculement qui date de 2013 et de la‘crise de la pilule’. » Rappelons que cette dernière a conduit au déremboursement des pilules de 3e et 4e génération en raison d’un risque supérieur de thrombose veineuse (phlébite, embolie pulmonaire) associé à leur utilisation. « Une crise essentiellement française » tient à préciser le Dr Letombe. « Elle a eu un impact important parce qu’on a vu baisser la contraception estro-progestative alors que la contraception progestative seule augmente. »
Des risques surtout liés aux estrogènes de synthèse ?
Il existe en effet deux types de pilule : la contraception reposant sur un progestatif seul et la contraception orale combinée comprenant un progestatif et un estrogène. « Il faut bien savoir que pour la contraception orale, le risque thrombotique est uniquement lié à la présence d’estrogène (de synthèse ou naturel) en association avec un progestatif. Or, aujourd’hui, nous disposons de pilules avec des estrogènes naturels qui offrent un profil de tolérance thrombotique plus satisfaisant. »
Quels sont les besoins des femmes ?
Si les pilules restent le moyen de contraception le plus utilisé, elles souffrent d’un faible taux de satisfaction (3,3 sur 5, contre 3,5 pour le stérilet au cuivre). « Cela s’explique en grande partie par la peur du risque thromboembolique », souligne le Dr Brigitte Letombe. Autres facteurs mis en avant, les préoccupations liées à la prise quotidienne d’hormones. « Les femmes sont davantage attirées par des solutions plus naturelles qui respectent leurs menstruations et leur qualité de vie. »
Les bénéfices additionnels
C’est justement sur ce point que les contraceptifs oraux combinés agissent. « Si on ajoute un estrogène, c’est pour obtenir une meilleure tolérance, notamment au niveau du profil de saignements. Avec la prise d’un progestatif seul, vous risquez en effet de présenter des saignements irréguliers, avec la survenue inattendue de spottings (petits saignements). C’est vraiment un point important relevé par les femmes. » Autre problème régulièrement soulevé, les effets délétères sur la peau. « Là aussi, les pilules combinées présentent un bon profil dermatologique. Quant aux effets métaboliques et thromboemboliques, ils sont également fortement atténués, notamment avec les estrogènes dits naturels. » Brigitte Letombe insiste particulièrement sur cette notion de qualité de vie. « Aujourd’hui, il n’est pas question de recourir à une contraception qui altère votre qualité de vie, au contraire, c’est un argument majeur pour la poursuivre même parfois sans nécessité contraceptive. »
Un estrogène naturel
Dans cette quête du naturel, il y a du nouveau avec l’arrivée, après les pilules à l’estradiol, d’une pilule estro-progestative à base d’estétrol. « Il s’agit d’un estrogène naturel synthétisé par le foie fœtal qui présente un excellent profil de tolérance », conclut le Dr Brigitte Letombe.