Contre la famine, l’urgence absolue

27 mars 2017

Lancée depuis plusieurs semaines, l’alerte à la famine dans 4 pays, dont 3 en Afrique, est aujourd’hui renouvelée avec force par l’ONG Médecins du Monde. En effet, la crise est bien réelle et ne cesse d’empirer en raison du manque de moyens matériels mais surtout diplomatiques investis par la communauté internationale.

Des millions de personnes risquent de mourir de faim. Cette réalité choquante est pourtant bien actuelle et ne semble pas être en passe de se résoudre. « C’est une urgence par son ampleur – elle concerne au moins 20 millions de personnes dans quatre pays – et par la difficulté d’acheminement de l’aide humanitaire », précise le Dr Françoise Sivignon, Présidente de Médecins du Monde.

Les conflits, cause commune de la famine

En effet, le Nigéria, le Soudan du Sud, la Somalie et le Yémen sont confrontés à une crise alimentaire de grande ampleur. Et l’aide humanitaire ne parvient pas aux populations concernées en raison des divers conflits en cours. Les affrontements entre le gouvernement et Boko Haram au Nigéria, la guerre et le blocus imposés au Yémen par la coalition menée par l’Arabie saoudite (et soutenue par la France), les conflits chroniques en Somalie et au Soudan du sud. « Il est particulièrement difficile d’apporter de l’aide, quand bien même nous en aurions les moyens, en raison des contraintes de sécurité », note le Dr Jean-François Corty, directeur des Opérations internationales de MdM. De plus, « la sécheresse chronique et les déplacements de population dus aux conflits les empêchent d’accéder à l’autosuffisance alimentaire ».

D’après les équipes de MdM sur place, « le nombre d’enfants malnutris reçus dans [ses] centres est en constante augmentation par rapport à l’année dernière », indique l’ONG. « La situation nutritionnelle est critique : ainsi en Somalie, près de 944 000 enfants de moins de 5 ans seraient malnutris et près de 6,2 millions de personnes (plus de la moitié de la population) seraient en situation d’insécurité alimentaire. Ce chiffre s’élève à plus de 60 % de la population concernée au Yémen. »

Une mobilisation diplomatique indispensable

« Une forte mobilisation sur le plan international est nécessaire au niveau financier », martèle le Dr Corty. Un renfort de 5 milliards de dollars au minimum, d’après les Nations Unies. Mais « cette mobilisation sera inutile si une diplomatie incisive en matière de résolution de conflits ne se met pas en place », ajoute-t-il. Il faudrait « amener les belligérants à s’asseoir autour d’une table pour permettre une trêve militaire, et donc le passage de l’aide humanitaire ».

Malheureusement, « nous n’observons pas de dynamique de négociation diplomatique », se désole-t-il. « Celle-ci n’intéresse pas les Etats qui pourraient avoir le pouvoir de le faire. »

Pour soutenir ces actions, Médecins du Monde lance également un appel à dons : Faire un don en ligne sur www.medecinsdumonde.org ou Voie Postale : Médecins du Monde – Urgence Crise alimentaire – BP100 – 75018 PARIS

  • Source : Médecins du Monde, 24 mars 2017 – interview du Dr Jean-François Corty, directeur des Opérations internationales de MdM, 27 mars 2017

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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