Contre la coqueluche, un vaccin nasal plus efficace
10 mars 2023
La vaccination est le moyen le plus efficace de prévenir la coqueluche. Mais les vaccins actuellement disponibles ne présentent qu’une efficacité limitée. C’est pourquoi le Dr Camille Locht et son équipe du Centre d’infection et d’immunité de Lille travaillent à la mise au point un vaccin intranasal qui – pour le moment - a fait ses preuves en laboratoire. Le scientifique nous parle de cette recherche.
La coqueluche est une maladie infectieuse respiratoire provoquée par la bactérie Bordetella pertussis. Très contagieuse, elle est connue pour générer des complications mortelles chez le nourrisson. Depuis la fin des années 1990, le vaccin dCaT est majoritairement utilisé pour se prémunir de la maladie. Mais comme nous l’explique le Dr Camille Locht, « s’il est efficace contre les symptômes, ce vaccin ne prévient pas la transmission – ou de façon minime – et l’immunité qu’il confère n’est que de courte durée »
Dans ces conditions, pourquoi les recommandations vaccinales actuelles encouragent-elles l’entourage d’un nouveau-né à se faire vacciner si l’immunisation n’empêche pas la transmission ? En fait, la transmission est interhumaine et se fait par les gouttelettes provenant du nez ou de la bouche lors de la toux. « Le fait d’encourager l’entourage à se faire vacciner est ce que l’on appelle le ‘Cocooning’ c’est-à-dire vacciner tout le cocon familial et les proches pour éviter qu’ils ne développent des symptômes et à l’enfant de tomber malade. »
Lutter contre la transmission
C’est pour cela qu’au sein du Centre d’infection et d’immunité de Lille, l’équipe du Dr Locht travaille à la mise au point d’un nouveau vaccin anticoquelucheux. Ainsi ont-ils mis au point un vaccin dit « atténué » car il contient une version atténuée de la bactérie. Baptisé BPZE1, il présente la particularité de s’administrer par voie nasale et ainsi de « mimer les modes de transmission et de colonisation naturels de Bordetella pertussis ».
Les scientifiques ont donc testé leur vaccin sur 300 adultes. Répartis en 2 groupes, les participants ont reçu soit une dose de BPZE1 par voie nasale et un placebo par voie intramusculaire, soit une injection en intramusculaire du vaccin dCaT et un placebo par voie nasale.
Résultat : « là où le vaccin dCaT n’induisait une sécrétion de marqueurs de l’immunité contre Bordetella pertussis qu’au niveau sanguin, BPZE1, lui, induisait une immunité consistante au niveau de la muqueuse nasale en plus de l’immunité sanguine », souligne l’Inserm dans un communiqué.
Par ailleurs, « dans les 28 jours suivant la seconde administration par voie nasale, 90 % des participants ayant initialement reçu BPZE1 ne présentaient aucune colonie bactérienne au niveau nasal. En comparaison, 70 % des patients vaccinés avec dCaT présentaient une colonisation bactérienne nasale importante. » Ce dernier point est particulièrement important puisque Bordetella pertussis infecte les voies respiratoires et se multiplie dans leurs muqueuses. Une immunité à ce niveau pourrait être essentielle dans la prévention des épidémies de coqueluche.
« Bordetella pertussis étant hautement infectieuse pour l’être humain, il est critique qu’un vaccin ne cible pas uniquement le développement de la maladie mais également la transmission de la bactérie et la vitesse à laquelle l’organisme se débarrasse de cette dernière », conclut Camille Locht. « Dans cette optique, BPZE1 apparaît comme un nouvel outil pertinent pour prévenir les infections de coqueluche et réduire les chaînes de transmission épidémiques. »
A noter : l’étude du Dr Locht ayant été menée sur des adultes, la prochaine étape consistera à évaluer l’efficacité et l’innocuité de BPZE1 chez les enfants.
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Source : Inserm – Interview du Dr Camille Locht, 9 mars 2023
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Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon