Contre la coqueluche, un vaccin qui a du nez

09 janvier 2014

Centre d'infection et immunité de Lille, U1019Un vaccin contre la coqueluche administrable par voie nasale ? Des chercheurs français viennent en effet d’évaluer l’efficacité et l’innocuité de ce nouveau concept d’immunité. Leurs résultats apparaissent prometteurs…

Provoquée par la bactérie, Bordetella pertussis, « la coqueluche est une maladie injustement oubliée » nous explique Camille Locht, Directeur de recherche à l’Inserm et Directeur Scientifique de l’Institut Pasteur de Lille. « Elle touche plusieurs dizaines de millions de personnes et tue environ 300 000 enfants par an dans le monde. Sa recrudescence devient même inquiétante depuis 2010 dans certains pays développés comme les Etats-Unis, l’Australie, l’Angleterre, les Pays Bas et la France. »

Dans le cadre du programme de recherche européen CHILD-INNOVAC, coordonné par l’INSERM, les scientifiques ont testé pour la première fois chez l’homme un vaccin contre la coqueluche, spécialement conçu pour une administration par voie nasale.

Efficace aussi contre la bronchiolite ?

Les essais de phase I  se sont déroulés en Suède, où la vaccination avait été abandonnée durant plusieurs années. Au total, 48 hommes de 19 à 31 ans – qui n’avaient donc jamais été vaccinés contre cette maladie – ont participé à ce travail.  « Trois doses de vaccins ont été testées : une faible, une intermédiaire et une forte », précise l’INSERM. Le premier objectif était de répertorier les éventuels effets secondaires : toux, éternuements, écoulements nasaux, effets sur l’état général… Le second quant à lui consistait à évaluer la réponse immunitaire de ce vaccin.

Résultat, après 6 mois de suivi, « le produit ne présentait aucun effet secondaire comparé au placebo », commente Camille Locht.« L’administration au niveau du nez s’est révélée meilleure avec la forte dose. De plus, chez tous les sujets chez qui le vaccin avait pris, des réponses immunitaires ont été déclenchées. Élément intéressant, une seule administration nasale pouvait induire une réponse immunitaire qui se maintenait au moins pendant 6 mois ».

Autre grosse surprise, selon le biologiste, « le vaccin protègerait non seulement contre la coqueluche, mais aussi contre d’autres maladies respiratoires, notamment des pneumonies induites par le virus de la grippe, contre l’asthme et aussi contre la bronchiolite, en tous cas dans des modèles pré-cliniques. » Des résultats qui restent bien sûr à confirmer sur des cohortes plus importantes. Ainsi que sur d’autres populations (nourrissons, seniors…).

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : David Picot

  • Source : INSERM, 8 janvier 2014 – Interview de Camille Locht, 8 janvier 2014

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