Coqueluche, les adultes au rappel
03 décembre 2013
La bactérie Bordetella pertussis sur boite de Pétri. ©Institut Pasteur
Depuis quelques années, la coqueluche est en recrudescence dans plusieurs pays développés : en France mais aussi et surtout aux Etats-Unis où son incidence explose. A tel point que d’après l’Agence américaine du médicament (FDA), les chiffres rapportés en 2012 n’y ont jamais été aussi élevés depuis… 50 ans ! La chute du recours à la vaccination est avancée. De plus, une étude récemment publiée suggère que le vaccin protégerait bien au niveau individuel contre la maladie sévère mais n’empêcherait pas les contaminations. Une piste sérieuse ?
La coqueluche est une infection respiratoire extrêmement contagieuse, causée par la bactérie Bordetella pertussis. Elle se caractérise par une toux persistante qui dure plus de 7 jours, sans fièvre dans la majorité des cas. Les quintes sont souvent associées à une reprise inspiratoire difficile, des apnées, des accès de cyanose, ou encore des vomissements. Chez le tout petit de moins de deux mois, elle peut être mortelle.
Pour se protéger – et protéger les autres – les autorités sanitaires préconisent le recours à la vaccination. Chez le nourrisson bien sûr mais pas seulement. Confrontées à l’observation persistante de cas de coqueluche chez de très jeunes nourrissons le plus souvent contaminés par des adultes, les autorités sanitaires recommandent désormais la vaccination :
- à l’âge de 25 ans;
- la vaccination des adultes susceptibles de devenir parents ou grands-parents. L’objectif étant de constituer une barrière autour de Bébé. C’est la « stratégie du cocooning » ;
- la vaccination des professionnels de santé.
Vaccinés et… contaminants ?
L’immunisation est réalisée à partir d’un vaccin dit acellulaire. Il renferme quelques protéines de la bactérie – rendues inactives, faut-il préciser – par opposition aux vaccins à germes entiers qui étaient utilisés en France jusqu’en 2005. Ces derniers entraînaient des effets secondaires, certes réversibles chez le nourrisson, mais leur efficacité était très variable selon les fabricants.
Aux Etats-Unis, des médecins ont vacciné des babouins avec des vaccins acellulaires et ont montré que les animaux vaccinés étaient certes bien protégés. Mais ils pouvaient aussi être porteurs sains de la bactérie et donc potentiellement contaminants. Et ce, contrairement à des animaux qui avaient eu la maladie auparavant.
Vacciner les adultes
De là à lier la résurgence de la maladie à ce phénomène, il y a un pas… que le Pr Nicole Guiso responsable de l’Unité de Prévention et Thérapies Moléculaires des Maladies Humaines au Centre National de Référence de la Coqueluche (Institut Pasteur – Paris) ne franchit pas.
« Cette histoire de portage sain n’est pas nouvelle », explique-t-elle. « Le problème ne se situe pas uniquement à ce niveau. La résurgence a des causes multiples : la surveillance de la maladie, le type de vaccin, la stratégie vaccinale mais aussi et surtout la couverture vaccinale. Aux Etats-Unis, les Etats ont des couvertures vaccinales variables, certains ont donc une incidence plus élevée que d’autres. L’OMS préconise plus de 90% de couverture chez les jeunes enfants. Nous en sommes loin dans certaines régions du monde ».
Elle poursuit : « Il est bien établi que le vaccin ne protège pas à vie et la maladie non plus : l’on peut très bien avoir la coqueluche 2 à 3 fois au cours de son existence. En France, il est donc très important de suivre les recommandations vaccinales actuelles incluant une primo vaccination à 2, 4 mois, un rappel à 11 mois, un rappel à 6 ans, un rappel adolescent à 11-13 ans et un rappel adulte à 25 ans, sans oublier les adultes dans l’entourage d’un nouveau-né. En effet, il est souhaitable que les adultes, vecteurs de la maladie, se fassent vacciner pour épargner les nourrissons ». Lesquels ne sont immunisés qu’à partir de 2 mois. Alors à la moindre question, interrogez votre médecin.
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmnauel Ducreuzet
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Source : FDA, 27 novembre 2013 - The Proceedings of the National Academy of Sciences, 25 novembre 2013 – Interview du Pr Nicole Guiso, 2 décembre 2013 – BEH, 19 avril 2013, n°14-15