Contre la dépression… chassez les mauvais souvenirs ?
11 avril 2018
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En cas de coup dur, les personnes qui ont du mal à passer présentent une réaction cérébrale bien spécifique. Serait-il possible de décrire par IRM ce mécanisme, souvent rapporté chez des patients dépressifs ?
Dire les choses en cas de disputes, de déceptions, d’échecs et de peurs pour ne pas se laisser envahir, et passer à autre chose. Tel est le comportement de certains d’entre nous lorsque les vents tournent dans le mauvais sens.
Pendant que d’autres se murent dans le silence. Ce qu’il reste de ce mauvais souvenir dépend-il de cette attitude ?
Pour le savoir, des chercheurs de l’Université de l’Illinois (Urbana-Champaign) ont sélectionné 17 volontaires. Et un groupe contrôle a été formé. Tous ont dû observer 180 images, neutres ou négatives. Une semaine après, des analyses cérébrales par IRM ont été menées dans les deux groupes.
La gestion des émotions se lit dans le cerveau ?
Résultat, en demandant aux participants de se souvenir des images, les deux groupes – ceux qui manifestent leurs émotions et ceux qui les cachent – se souviennent moins bien des images présentées lors de l’expérimentation. Dans les deux cas, « cette perte de mémoire est associée à une diminution des connexions dans les régions du cerveau dédiées à l’enregistrement des émotions ». Notamment dans l’amygdale, « une région cérébrale qui participe à la gestion de ces dernières ».
Mais « le traitement de ces images par le cerveau diffère en fonction des deux groupes » : seuls ceux qui verbalisaient clairement leurs émotions en regardant ces images ont réussi à inhiber ces désagréables sensations.
Prendre de la distance
Les chercheurs espèrent mettre au point « une approche alternative aux traitements classiques pour aider les personnes atteintes d’une dépression », souligne le Pr Sanda Dolcos, auteur de l’étude. En effet, « les patients dépressifs ou sujets à des troubles de l’humeur peinent souvent à prendre de la distance avec leurs souvenirs négatifs. Si nous pouvons les aider sur le plan cérébral à estomper leurs mauvais souvenirs, voire à les oublier, peut-être qu’ils porteront plus facilement leur attention sur des éléments plus positifs de leur vie ».
« La plupart du temps, les proches de ces patients leur disent de s’isoler et de contrôler leurs émotions. Mais ce n’est pas si facile. Ces personnes ne disposent pas toujours des ressources nécessaires pour oublier des émotions négatives », décrit le Pr Dolcos. « C’est pourquoi nous nous intéressons à des mécanismes implicites ou inconscients de suppression des émotions. »
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Source : Neuropsychologia, le 13 mars 2018
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet