Contre la leishmaniose, un vieux/nouvel antibiotique par voie orale

03 novembre 2011

Des chercheurs canadiens ont mis au point une nouvelle forme d’un antibiotique – l’amphotericine B – qui serait efficace contre la leishmaniose viscérale. Actuellement administré uniquement par voie intraveineuse, cet antibiotique de référence est de ce fait, limité dans sa maniabilité. Thermorésistante et administrable par voie orale, cette nouvelle forme galénique devrait faciliter la prise en charge de cette affection dans les pays les plus chauds.

Testé sur des souris, le nouveau produit permet d’obtenir une diminution de 96% du degré d’infection après cinq jours de traitement. Selon le Dr Kishor Wasan, de l’Université de Colombie britannique à Vancouver, ce médicament serait également moins toxique et mieux absorbé par l’intestin, avec une meilleure diffusion cérébrale et cardiaque. Autre avantage enfin, il résisterait mieux à la chaleur que la miltefosine, l’autre antibiotique oral existant. Lequel hélas, est inutilisable en climats chauds.

La leishmaniose est une affection parasitaire, transmise par la piqûre d’insectes appartenant à la famille des phlébotomes. Il s’agit d’une zoonose, c’est-à-dire d’une maladie transmise de l’animal à l’homme. Très souvent en effet, le phlébotome contamine un animal domestique – par exemple un chien – à l’occasion d’un repas de sang. Celui-ci à son tour, contamine l’homme. La maladie peut être à l’origine de lésions cutanées et viscérales très invalidantes et souvent mortelles.

Selon l’OMS en effet, « la mortalité attribuable à la leishmaniose viscérale dans le monde ne peut être estimée car dans beaucoup de pays, la maladie n’est pas soumise à déclaration obligatoire. » Cela posé, les estimations – nécessairement imprécises – du nombre de malades concernés évoluent autour de 12 millions. En tout état de cause, il arrive souvent qu’elle ne soit pas diagnostiquée « surtout dans les endroits où il n’y a pas de médicaments. Dans certains cas, pour des raisons culturelles et faute d’accès au traitement, le taux de létalité est trois fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes. » Toujours est-il que l’Organisation estime que l’impact de la maladie en termes de santé publique « la place à un rang élevé parmi les maladies transmissibles. »

La leishmaniose affecte principalement les pays du pourtour méditerranéen mais également d’Amérique latine – notamment le Brésil, le Pérou – ainsi que l’Afghanistan et l’Iran. Sa forme viscérale sévit en particulier au Bangladesh et au Soudan. Cette dernière est la plus sévère. « Il n’existe pas actuellement d’autre traitement oral stable contre la leishmaniose viscérale. Ce nouveau médicament pourra potentiellement soigner des milliers de patients, principalement de jeunes enfants et des femmes en âge de procréer» souligne Kishor Wasan.

Pour aller plus loin : Lire ici le Bulletin de l’OMS, janvier 2010, accédé en ligne le 27 octobre 2011

  • Source : American Association of Pharmaceutical Scientists, Institut Pasteur, 24 octobre 2011, Rapport sur la Lutte contre la leishmaniose, OMS, 60è Assemblée mondiale, mars 2007.

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