Contre l’onychomycose, pas d’automédication

26 mai 2015

Des champignons qui se logent dans les ongles, c’est inesthétique, handicapant voire désespérant. Car il est très difficile de s’en débarrasser… L’onychomycose est bien plus courante qu’on ne le croit. En France, 6 millions de personnes seraient infectées.

Très contagieuse, elle atteint surtout les adultes jeunes et les personnes âgées. « Cette affection dermatologique débute sur le bord latéral ou l’extrémité de l’ongle», explique le Dr Renaud Laurans, dermatologue à Marseille. « A cet endroit une partie de l’ongle devient plus claire. Elle s’étend ensuite vers la matrice, qui correspond à la zone où se fabrique l’ongle. Mais elle peut aussi se présenter sous forme de taches blanches sur la partie dure de l’ongle, on parle alors de leuconychomycose superficielle ».

Un prélèvement de l’ongle infecté doit être réalisé pour s’assurer du bon diagnostic : l’infection est causée par des champignons microscopiques qui se nourrissent de la substance dure des ongles, la kératine. L’ongle s’épaissit, change de couleur et peut se décoller de son lit. En quelques mois, il peut être totalement détruit ! « Un certain nombre de facteurs favorisants ont été identifiés », indique-t-il. « Tout d’abord l’âge. Mais il existe d’autres facteurs comme le diabète, un affaiblissement du système immunitaire, une mauvaise hygiène des pieds, une sudation excessive. Les microtraumatismes répétés et les petites lésions participent au développement d’une onychomycose. » Tout comme le port de chaussures trop étroites, de chaussures de sécurité, les contacts fréquents avec l’eau et un séchage insuffisant entre les orteils après la douche.

« Une fois le diagnostic posé, on prescrira les produits adaptés et donc efficaces ». La prise en charge repose sur la suppression de la zone infectée mécaniquement ou chimiquement par des pommades qui vont détruire la partie de l’ongle infectée, puis un relais par une crème antifongique pour assurer une repousse saine de l’ongle. Mais aussi prévenir la rechute. L’utilisation de solutions filmogènes est plutôt réservée aux atteintes superficielles. En cas d’échec, un traitement oral est à envisager, seul ou associé à des formes locales. Un délai de 21 jours au minimum est nécessaire pour obtenir un résultat. En cas de résultat discordant (négatif alors que l’infection semble évidente), il ne faut pas hésiter à répéter les prélèvements.

« Or le problème », selon le Dr Laurans, « c’est que trop souvent des patients s’auto-prescrivent des produits, souvent d’ailleurs non-remboursés, ou parfois sur les conseils de l’entourage, du podologue, du pharmacien, voire même de médecin alors qu’aucun diagnostic formel n’a été établi. » Le Dr Renaud Laurans insiste sur l’importance du bon diagnostic avec une formule qui a le mérite d’être claire : « Pas de bon diagnostic, pas de traitement valable ! »

Source : Interview du Dr Renaud Laurans, 18 avril 2015

Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

Aller à la barre d’outils