COP21 : le changement climatique, une menace pour l’agriculture
09 décembre 2015
Le dérèglement climatique (sécheresses, inondations, vents…) perturbe la production agricole. ©Phovoir
Depuis dix jours, la santé de la planète est entre les mains des négociateurs au Bourget (Seine-Saint-Denis), à l’occasion de la COP 21. La fin des discussions approche et les recommandations officielles visant à limiter la hausse du réchauffement planétaire à 2°C devraient bientôt voir le jour. Mesure phare ? Restreindre les rejets de gaz polluants pour réduire le risque de catastrophes naturelles, responsables d’une baisse de la production agricole et d’un recul du droit à l’alimentation.
En plus du risque élevé d’allergies et de maladies infectieuses, le dérèglement climatique menace la sécurité alimentaire. De plus en plus fréquentes à l’échelle mondiale, les perturbations météorologiques (sécheresse, inondations…) entraînent en effet des destructions de cultures, de bétails et de stocks alimentaires. De moins bonne qualité, les récoltes sont aussi plus rares et plus chères.
Des répercussions dénoncées
Conséquence, « d’ici à 2050, le nombre de personnes risquant de souffrir de la faim augmentera de 10% à 20% en raison du changement climatique », relaie l’ONG Oxfam France. Au total, « 25 millions d’enfants de moins de 5 ans, soit la population infantile actuelle des Etats-Unis et du Canada réunis, seront atteints ». Ce phénomène touche l’ensemble des pays. Mais « les petits agriculteurs, les populations les plus démunies sont particulièrement exposés ».
Vous souhaitez en savoir plus ? Cliquez sur la carte interactive « Insécurité alimentaire et vulnérabilité au changement climatique ».
©metoffice.gov.uk
Publiée le 1e décembre par le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Centre Hadley pour la recherche et la prévision climatique (Met Office britannique), elle présente l’impact de ce fléau au fil des années. Un bon moyen pour prendre le pouls des effets du dérèglement climatique sur le long terme. Différentes scénarii sont projetées :
- En 2050, la planète ne comptera pas moins de 9 milliards de bouches à nourrir. Contre 6 milliards aujourd’hui. Pour satisfaire les besoins de toutes les populations, la production alimentaire mondiale devrait augmenter de 70% selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ;
- En 2080, sans directives concrètes, 600 millions nouveaux cas de sous-nutrition et de malnutrition, liés au changement climatique, pourraient être rapportés selon les prévisions du Programme des nations unies pour le Développement (PNUD). Actuellement, 795 millions de personnes souffrent déjà de la faim dans le monde.
Le choix des énergies vertes
Pourtant, comme le rapporte le PAM, « il y a suffisamment de nourriture aujourd’hui pour que tout le monde puisse s’alimenter décemment et mener une vie saine et productive ». Le problème se situe dans l’industrialisation massive – et polluante – des modes de production. Reste que la réduction des émissions de C02 ne suffit pas à rééquilibrer le système, rappelle l’ONG Action contre la faim. Il faut aussi donner aux pays « les moyens de s’adapter, d’effectuer la transition vers un nouveau mode de production ».
Pour combiner réduction des gaz polluants et optimisation de la production agricole, l’Afrique s’est d’ailleurs engagée à accélérer le développement des énergies renouvelables. Un exemple ? L’installation de 50 millions d’hectares de terres arables d’ici à 2030 pour augmenter la capacité d’absorption et de stockage du CO2. Mais aussi permettre l’embauche « de 10 millions d’agriculteurs » dans l’optique de favoriser le rendement des récoltes…et stimuler l’emploi local.
Un point majeur étant donné que le réchauffement climatique constitue aussi une porte d’entrée dans la précarité. C’est un fait, la pauvreté perd du terrain depuis des décennies à l’échelle mondiale : au total, 36% de la population mondiale vivait sous le seuil de pauvreté en 1991, contre 10% aujourd’hui. Mais les inégalités entre pays développés et pays défavorisés ne cessent de s’accroître. Et le changement climatique y est pour quelque chose : selon les prévisions, ce phénomène pourrait faire passer 100 millions de personnes sous le seuil de pauvreté en 2030.
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Source : Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Programme des nations unies pour le Développement (PNUD), Programme alimentaire mondiale (PAM).
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Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet