Coqueluche, bien diagnostiquer et mieux vacciner

16 février 2011

La coqueluche est toujours un problème de santé publique en France. Même si l’incidence de la maladie a baissé au cours des 10 dernières années, la couverture vaccinale reste trop faible, parmi la population adulte. C’est ce que confirme une étude française publiée dans le dernier bulletin Eurosurveillance. Les auteurs ne se limitent pas à ce constat : ils pointent aussi du doigt, les dysfonctionnements observés dans les laboratoires d’analyses médicales…

La coqueluche est une maladie infectieuse mortelle pour les enfants de moins de 3 mois. Les auteurs de l’étude française, menée de mai 2008 à mars 2009 dans la région parisienne, ont estimé son incidence dans la population des plus de 13 ans, à 145 cas par an pour 100 000 habitants. Nicole Guiso, auteur principal de cette étude et responsable du Centre de référence de la coqueluche et autres bordetelloses à l’Institut Pasteur, confirme que ce chiffres est six fois moins élevé qu’il y a dix ans. « En 2000 » nous a-t-elle expliqué, « l’incidence de la coqueluche était de 884 pour 100 000 habitants C’est (donc) une très bonne nouvelle, mais la vaccination des adultes reste encore trop faible. Seuls 15% à 20% d’entre eux effectuent leurs rappels ».

Du coup, la coqueluche reste la première cause de décès par infection bactérienne chez le nourrisson de moins de 2 mois. « Les adultes doivent se faire vacciner pour protéger les nourrissons », insiste Nicole Guiso. Le manque de respect des rappels vaccinaux est une des causes de la contamination. « Trop d’adultes croient encore qu’on ne peut être contaminé qu’une fois dans sa vie par la coqueluche. Or c’est faux. Le vaccin ne protège pas éternellement », ajoute-t-elle. Les recommandations sont claires : « une primo-vaccination à 2, 3 et 4 mois, suivie d’un premier rappel à 16-18 mois, puis d’un autre à 11-13 ans. Enfin, un nouveau rappel devra être effectué chez l’adulte vacciné tous les 10 ans ».

Le bon test

La vaccination est une chose, mais il semble que des questions se posent également concernant le diagnostic des cas de coqueluche. En cas de toux persistante, les médecins doivent demander une analyse biologique. Jusqu’à présent les praticiens envoyaient leurs patients « faire un test sérologique », indique le Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des Omnipraticiens français (UNOF). Ce test pourtant, est aujourd’hui remis en cause. « Nous nous sommes rendus compte qu’il ne servait à rien », enchaîne Nicole Guiso. « Il est donc déremboursé, au profit d’un autre test par aspiration naso-pharyngée ».

Problème… « Lors de notre étude, nous avons été surpris de constater que ce test naso-pharyngé n’était pas réalisé correctement par le personnel des laboratoires d’analyses », explique Nicole Guiso. Ce qui a provoqué des erreurs importantes, et favorisé la propagation de la coqueluche par des malades qui s’ignoraient. « nous avons donc réalisé une vidéo expliquant comment effectuer ce test », conclut-elle. Les professionnels concernés peuvent y accéder en cliquant ici.

  • Source : Eurosurveillance, 3 février 2011 ; interview de Nicole Guiso, 7 février 2011 ; Caisse nationale de l’Assurance-maladie des Travailleurs salariés (CNAMTS), 9 février 2011 ; interview du Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des Omnipraticiens français (UNOF), 9 février 2011

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