Corne de l’Afrique : la famine nourrit le VIH
03 août 2011
La famine qui sévit dans la Corne de l’Afrique depuis plusieurs semaines met en péril les patients infectés par le VIH. Qui plus est, la crise sanitaire qui sévit dans la région augmente les risques de contamination interhumaine. Explications.
« Pour conserver leur poids et leur niveau d’autonomie physique, les séropositifs doivent dépenser entre 10% et 30% d’énergie de plus » que les biens-portants, explique l’IRIN. Ce service d’information, émanation du Bureau de la Coordination des Affaires humanitaires de l’Organisation de sNations-Unies, souligne par ailleurs, « que le manque de nourriture est un obstacle communément admis à l’efficacité de la thérapie antirétrovirale (ARV) ». Ainsi, selon une étude menée en Ouganda en 2010, la pénurie alimentaire aggrave les effets secondaires des antirétroviraux (ARV).
– Les populations de la région peinent à s’approvisionner en eau salubre et par conséquent, se trouvent exposées à de nombreuses maladies transmises par voie hydrique. « Or les séropositifs ont plus de difficulté à résister aux maladies diarrhéiques, aux affections dermatologiques et autres infections opportunistes » transmises par une eau impropre à la consommation.
– De plus, en période de crise humanitaire « les professionnels de santé sont débordés, et risquent de ne pas pouvoir consacrer autant de temps qu’il le faudrait aux patients atteints du VIH », s’inquiète l’IRIN.
– Autre motif d’inquiétude, le risque élevé de contamination. Les personnes non-infectées risquent davantage de l’être en période de famine. Pour tenter de se procurer de l’eau potable ou du bois de chauffage, les femmes et les filles parcourent souvent seules de longues distances à pied. « Elles risquent alors d’être agressées sexuellement en chemin ». Pour les réfugiées de Somalie venues jusqu’au Kenya voisin, le risque de viol est encore accru. « Le 12 juillet, l’organisation non-gouvernementale (ONG) CARE International a rapporté qu’au camp de réfugiés de Dadaab, au Kenya, le nombre des déclarations de violences sexuelles avait augmenté. Il est passé de 75 entre janvier et juin 2010, à 358 au cours de la même période de 2011 », rapporte l’IRIN. Résultat : le risque de transmission du VIH/SIDA augmente proportionnellement au nombre d’agressions sexuelles, par définition non protégées.
– Ces dernières ne sont pas seules en cause dans le risque de transmission de l’infection à VIH/SIDA. « En situation d’urgence humanitaire, des femmes prêtes à tout pour survivre ont souvent recours à des expédients désespérés pour obtenir de quoi manger, pour elles et leurs famille ». De plus, il leur est très difficile de se procurer des préservatifs, ce qui augmente naturellement le risque de contracter le virus.