Covid-19: des symptômes différents selon le sexe
06 juillet 2022
Le Covid (dans sa forme classique ou dans sa forme longue) touche-t-il de la même manière les hommes et les femmes ? Pour répondre à cette question, des chercheurs américains ont analysé les données issues de centaines d’études produites depuis le début de la pandémie. Elles confirment que le sexe serait bien un facteur différenciant.
Plus de 600 000 articles, couvrant au total près de 1,4 million de personnes : voilà la base initiale de travail des chercheurs du Johnson & Johnson Office of the Chief Medical Officer Health of Women Team, une unité du géant pharmaceutique américain dédiée à la santé féminine. Leur objectif : vérifier si la variable « sexe » joue un rôle dans les symptômes précoces du Covid, et dans ceux du Covid long.
Les chercheurs se sont donc appuyés sur les milliers de publications parues entre décembre 2019 et août 2020 d’une part, et janvier 2020 et juin 2021 d’autre part. Ils en ont exclu la plupart : l’immense majorité de ces études ne fournissaient pas suffisamment d’informations détaillées sur les symptômes et les séquelles ventilés par sexe. Seules 35 études répondant aux critères de sélection ont finalement été retenues.
22% de surrisque de Covid long pour les femmes
Que montrent-elles ? Que s’agissant des symptômes précoces (4 semaines après infection), les femmes étaient significativement plus susceptibles d’être concernées par des troubles de l’humeur (dépression), des troubles musculosquelettiques et respiratoires ; le risque d’atteintes rénales concernait davantage les hommes.
Les séquelles du Covid long (au-delà de 4 semaines après infection) ne sont pas non plus les mêmes selon le sexe : troubles de la sphère ORL, troubles de l’humeur, neurologiques, cutanés, gastro-intestinaux, rhumatologiques et fatigue pour les femmes, troubles rénaux et endocriniens pour les hommes. Le risque de développer le syndrome du Covid long est enfin 22 % plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
Différence de fonctionnement immunitaire
Pour les chercheurs, ces spécificités sont très probablement liées à la différence de fonctionnement du système immunitaire des hommes et des femmes. Dans la revue Current Medical Research and Opinion qui a publié leur travail, ils précisent : « les femmes développent des réponses immunitaires innées et adaptatives plus rapides et plus robustes, ce qui peut les protéger de l’infection initiale et de sa gravité. Cependant, cette même différence peut rendre les femmes plus vulnérables aux maladies auto-immunes prolongées ».
En raison de cette différence, connue et identifiée, les chercheurs regrettent la rareté des études liées au Covid qui tiennent compte de la variable du sexe. Une donnée pourtant cruciale, afin de mieux adapter prévention, repérage et traitement.