Arrêter de fumer après 65 ans : bénéfique même en cas de maladies cardiovasculaires !

15 décembre 2025

Il n’y a pas d’âge pour arrêter de fumer, y compris après 65 ans et en cas d’affections cardiovasculaires. Le Pr Daniel Thomas (Institut de Cardiologie, Pitié-Salpêtrière, Paris) en a fait la démonstration au 19ᵉ congrès de la Société francophone de tabacologie (27-28/11, Caen).

Le tabagisme reste fréquent chez les sujets “âgés” : 22,5 % des 55-64 ans et 11,2 % des 65-75 ans fument toujours. Environ 70 % des décès liés au tabac concernent des personnes de plus de 60 ans. Or chez les seniors, le tabac est bel et bien un facteur de décès prématuré : à cet âge, fumer entraîne une perte d’années d’espérance de vie, et surtout d’espérance de vie en bonne santé.

Âge et tabagisme, la double peine

La contribution (le poids) du tabagisme au risque cardiovasculaire, très élevée avant 50 ans, diminue ensuite avec l’âge, ce facteur étant alors supplanté par de nombreux autres. Néanmoins, ce risque lié au tabac persiste à tous les âges, y compris au-delà de 80 ans. D’ailleurs, le nombre absolu de décès et d’infarctus du myocarde liés au tabagisme continue d’augmenter avec les années de vie. Autrement dit, le nombre total de décès et d’infarctus dus au tabac continue de croître avec l’âge.

Concrètement, les fumeurs âgés présentent un risque de décès cardiovasculaire deux fois plus élevé que les non-fumeurs. « On peut traduire cela en « avance du risque », explique le Pr Daniel Thomas, porte-parole de la Société Francophone de Tabacologie : fumer après 60 ans accélère la mortalité cardiovasculaire d’environ 5,5 ans par rapport aux non-fumeurs. »

Une vaste méta-analyse portant sur 25 cohortes (CHANCES), soit 503 905 participants de 60 ans et plus, a confirmé que le tabagisme constitue un facteur de risque indépendant majeur d’événements cardiovasculaires et de mortalité, même à un âge avancé, en avançant la mortalité cardiovasculaire de plus de cinq ans. Elle indique aussi que l’arrêt du tabac dans ces tranches d’âge reste bénéfique pour réduire ce risque. L’association entre tabagisme et mortalité cardiovasculaire montre un rapport de risque global plus que doublé chez les fumeurs actuels comparés aux non-fumeurs. De plus, dans cette analyse, le risque accru chez les fumeurs augmentait avec le nombre de cigarettes consommées, tandis qu’il diminuait progressivement avec les années écoulées depuis l’arrêt chez les anciens fumeurs.

Enfin, le tabagisme augmente le risque de complications et de décès lors d’une intervention chirurgicale, avec des accidents cardiovasculaires plus fréquents que chez les non-fumeurs.

Le bénéfice essentiellement cardiovasculaire du sevrage tabagique, et à court terme

Comme les mécanismes responsables des crises cardiaques (“accidents coronaires aigus”), tels que l’inflammation, l’activation des plaquettes sanguines et le mauvais fonctionnement des vaisseaux (“dysfonction endothéliale”, à savoir des anomalies de la vasodilatation liées aux cellules qui tapissent les vaisseaux sanguins), peuvent se rétablir rapidement, les bénéfices cardiovasculaires du sevrage tabagique apparaissent en relativement peu de temps. « Ce bénéfice cardiovasculaire est particulièrement rapide et important dans le cadre de la prévention secondaire (lorsque la personne a déjà eu un événement cardiovasculaire, ndlr), qui concerne un grand nombre de sujets âgés », précise le Pr Thomas. Pour preuve, « globalement, le sevrage tabagique augmente l’espérance de vie même chez les sujets de plus de 60 ans avec une réduction relative du risque de décès de l’ordre de 20 à 30 %, y compris au-delà de 80 ans », chiffre le spécialiste. Ce bénéfice est essentiellement lié à la diminution du risque cardiovasculaire, même si celui-ci reste en moyenne plus élevé que chez les sujets n’ayant jamais fumé, d’environ 30 à 40 %.

Arrêter de fumer le plus tôt possible

De plus, le sevrage, à tout âge, joue un rôle déterminant pour interrompre la progression de l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (rétrécissement des artères des jambes qui réduit l’apport de sang aux muscles) et de l’anévrisme de l’aorte abdominale (dilatation anormale de la grande artère située dans l’abdomen qui peut se rompre). Il reste également essentiel pour prévenir les accidents vasculaires cérébraux. « Ainsi, insiste Daniel Thomas, s’il est essentiel d’arrêter de fumer le plus tôt possible, il n’y a pas d’âge au-delà duquel cela soit totalement inutile. Ces bienfaits du sevrage tabagique, quel que soit l’âge, méritent de faire partie des éléments de motivation à mettre en avant auprès des fumeurs seniors. »

  • Source : Intervention du Pr Daniel THOMAS (Paris) au 19e congrès de la Société francophone de tabacologie (27 - 28 novembre 2025 ; Caen) intitulée « Tabagisme et bénéfices de l'arrêt du tabac chez les séniors souffrant d'affection(s) cardiovasculaire(s) » (27/11/12) ; CHANCES Consortium. Impact of smoking and smoking cessation on cardiovascular events and mortality among older adults: meta-analysis of individual participant data from prospective cohort studies of the CHANCES consortium. BMJ. 2015 Apr 20;350:h1551.

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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