Covid-19 : immunisé, jusqu’à quel point ?

02 novembre 2020

Un nombre important de personnes a déjà contracté la Covid-19. Cette infection leur confère-t-elle pour autant une protection complète ? Peuvent-elles encore transmettre le virus malgré tout ? Tour d’horizon sur la question de l’immunité liée au Sars-CoV-2.

Un nombre important de personnes a déjà contracté la Covid-19. Cette infection leur confère-t-elle pour autant une protection complète ? Peuvent-elles encore transmettre le virus malgré tout ? Tour d’horizon sur la question de l’immunité liée au Sars-CoV-2.

« Comme pour tous les virus, lorsque l’on est infecté par le Sars-CoV-2, le système immunitaire réagit et produit une réponse », explique le Pr Olivier Schwartz, responsable de l’unité Virus et immunité à l’Institut Pasteur. « Notamment sous la forme d’une production d’anticorps spécifiques au virus. »

Est-ce le cas chez toutes les personnes infectées ? « Oui, mais le taux d’anticorps est plus marqué chez ceux ayant développé une forme grave. Sans doute car dans ces cas-là, il y a eu une présence de virus plus importante », précise-t-il.

Les personnes infectées une première fois sont-elles ensuite protégées ? « Plusieurs études ont montré que des anticorps à activité dite neutralisante sont bien produits par les personnes infectées », indique le Pr Schwartz. Ce qui conduit à une protection de l’organisme face à une nouvelle exposition au virus.
Cette protection est-elle définitive et permanente ? « La réponse diminue au cours du temps. Ce que nous savons pour le moment, c’est que des anticorps sont encore détectables entre 3 et 6 mois après la primo-infection ». Ce qui indique une protection de l’organisme par le système immunitaire durant cette période. Mais « leur quantité diminue au cours du temps », précise-t-il. Et « la détection des anticorps dépend de la sensibilité des tests ».

Plusieurs inconnues subsistent donc quant à la durée et à l’efficacité dans le temps de la réponse immunitaire face à ce virus. Il est toutefois important de rappeler que la non-détection d’anticorps dans l’organisme ne signifie pas forcément que le système immunitaire est incapable de se défendre. « Il a une mémoire, qui se manifeste notamment par la capacité des lymphocytes B – producteurs d’anticorps – à réagir s’ils sont à nouveau exposés au virus en fabriquant de nouveau des anticorps spécifiques », détaille Olivier Schwartz.

Plusieurs cas de réinfection ont quand même été décrits ? « En effet, 4 ou 5 cas ont été rapportés dans le monde sur plus de 45 millions de personnes infectées ». Comme le rappelle l’Inserm, « en l’état actuel des connaissances, la plupart des scientifiques s’accordent donc pour dire que le phénomène de réinfection demeure rare ». Et parmi ces quelques cas « rigoureusement confirmés, seul un, décrit en octobre 2020 dans The Lancet, avait présenté des symptômes plus sévères la seconde fois, suite à la réinfection », poursuit l’Inserm.

Une personne infectée une première fois peut-elle transmettre le virus ? « Quand on a fait une première infection, cela ne veut pas forcément dire qu’on a nécessairement une immunité dite stérilisante », détaille Olivier Schwartz. C’est-à-dire qui empêche le virus de s’installer, même momentanément, dans l’organisme. « Il est possible que le virus colonise la zone naso-pharyngée, même si des anticorps se réactivent rapidement et bloquent le virus. Mais cela n’ empêche la présence et la multiplication du virus, même sur un temps court », poursuit-il. Certes « la durée de contagiosité est plus courte et le taux de virus produit est plus faible, mais durant cette période le risque de transmission à autrui n’est pas nul ». Sans oublier que toute personne, même immunisée, peut être porteuse du virus au niveau des mains. « Le maintien des gestes barrière est donc nécessaire même si on a fait une primo-infection », conclut-il.

  • Source : Inserm, 27 octobre 2020 – interview du Pr Olivier Schwartz, responsable de l'unité Virus et immunité à l'Institut Pasteur, 30 octobre 2020

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Charlotte David

Aller à la barre d’outils