Covid-19 : le mécanisme de la perte d’odorat révélé
06 mai 2021
L’anosmie constitue un des symptômes précoces les plus fréquents de la Covid-19. Désormais, on sait par quels biais le virus parvient à faire perdre l’odorat aux patients infectés. Et aussi que ce symptôme révèle le parcours du virus vers le cerveau.
Perdre l’odorat fait partie des nombreux symptômes liés à l’infection par le SARS-CoV-2. Jusqu’à présent, les médecins ne comprenaient pas comment le virus essentiellement respiratoire provoquait ce symptôme. Le mécanisme vient d’être décrypté par des chercheurs de l’Institut Pasteur, du CNRS, de l’Inserm, d’Université de Paris et de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris.
Via une étude chez l’être humain et des travaux chez la souris, les scientifiques ont observé que le virus infectait les neurones sensoriels et provoquait une inflammation persistante de l’épithélium olfactif. Cette muqueuse de la cavité nasale chargée de la détection des molécules odorantes, habituellement organisé en lamelles régulières, se trouve être déstructurée par l’infection. De plus, le nerf olfactif et les centres nerveux olfactifs dans le cerveau étaient eux aussi infectés.
Une porte d’entrée vers le cerveau
Plus grave : une fois entré dans le bulbe olfactif – une région du cerveau chargée de traiter les informations olfactives en provenance des neurones olfactifs – le virus se propage à d’autres structures nerveuses où il induit une importante réponse inflammatoire. Ce qui « pourrait donc constituer une porte d’entrée vers le cerveau et expliquer pourquoi certains patients développent diverses manifestations cliniques, d’ordre psychologique (troubles de l’anxiété, dépression) ou neurologique (déclin cognitif, susceptibilité à développer une maladie neurodégénérative), qui doivent faire l’objet de nouvelles études », précisent les auteurs.
Enfin, « la perte de l’odorat dans la Covid-19 peut persister plusieurs mois chez certains patients, et cette persistance des signes cliniques est attribuable à la persistance du virus et de l’inflammation dans la muqueuse olfactive », concluent-ils. Autant d’éléments descriptifs utiles afin de d’adapter le diagnostic et la prise en charge des manifestations à long-terme de la Covid-19.
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Source : Institut Pasteur, du CNRS, Inserm, Université de Paris et Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, mai 2021
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet