Covid-19 : les pays pauvres, plus enclins à se faire vacciner

21 juillet 2021

La méfiance face aux vaccins permettant de prévenir les formes graves de la Covid-19 serait-elle l'apanage des pays les plus développés ? C'est ce que suggère une étude publiée dans Nature Medicine.

L’hésitation face aux vaccins n’est pas nouvelle. En France, c’est quasiment un sport national. On se souvient par exemple des faibles taux de vaccination contre la grippe en 2015-2016, notamment liés à la faible efficacité du vaccin de la campagne précédente. Cette couverture vaccinale insuffisante avait entraîné une surmortalité importante (18 000 décès environ). Bien que régulièrement démentie, preuves scientifiques à l’appui, la croyance selon laquelle la vaccination contre la grippe des femmes enceintes entraînerait l’autisme de l’enfant à naître reste elle aussi bien ancrée. Tout comme le danger supposé des adjuvants présents dans certains vaccins.

Rien d’étonnant donc à ce qu’une étude publiée en 2019 désigne la France comme étant le pays le plus « vaccino-sceptique » au monde. Ce qui se traduit encore aujourd’hui par la défiance importante d’une partie de la population à l’égard des vaccins formulés pour contrer l’épidémie de Covid-19. Elle n’est donc pas nouvelle, et elle n’est pas non plus franco-française, indique une vaste étude publiée dans Nature Medicine. Elle révèle notamment une volonté de se faire vacciner contre la Covid-19 moins élevée dans les pays développés que dans les pays en développement.

80% de candidats à la vaccination

Cette étude se base sur l’analyse par une équipe internationale des réponses de 20 000 personnes vivant en Afrique, en Asie du sud et en Amérique latine, mais aussi aux Etats-Unis et en Russie. Elles ont été interrogées entre juin 2020 et janvier 2021, au moment où les premières campagnes de vaccination anti-Covid ont été lancées dans les pays développés. Ces derniers, représentés par les Etats-Unis et la Russie dans l’étude, comptaient respectivement 65% et 30% de candidats à la vaccination au moment de l’enquête. Ils étaient en moyenne 80% dans les pays en développement.

Les répondants de ces pays ont invoqué la volonté de se protéger personnellement contre la Covid-19 (91%) comme motivation principale, quand la crainte des effets secondaires était la première cause d’hésitation vaccinale (44%). Les agents de santé étaient considérés comme les sources d’information les plus fiables sur les vaccins, indiquent les auteurs de l’étude.

« Dans tous les pays, nous observons que l’acceptation de ces vaccins est généralement un peu plus faible que pour les autres vaccins, peut-être en raison de leur nouveauté », indique Alexandra Scacco, l’une des auteures de l’étude. « Cependant, les attitudes systématiquement pro-vaccins que nous observons dans les pays à faible et moyen revenu nous donnent des raisons d’être optimistes quant à l’adoption du vaccin ». Reste la question de l’accessibilité des vaccins anti-Covid dans ces pays. A ce jour, plus de 3,5 milliards de doses ont été administrées dans le monde, mais seulement 1% dans les pays à faible revenu, selon le décompte du site Our World in Data.

  • Source : Nature Medicine, Our World in Data, consultés le 20 juillet 2021

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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