Covid-19 : où en est-on de l’immunité collective ?
12 janvier 2023
Depuis la fin de sa politique zéro Covid, la Chine fait face à une explosion des contaminations. En cause, la quasi-absence d’immunité collective de la population, conséquence d’une faible exposition au virus avant la levée des restrictions et de faibles taux de vaccination. Et en France, où en est-on ?
L’immunité collective, que l’on appelle également immunité de groupe, désigne « la protection indirecte contre une maladie infectieuse qui s’obtient lorsqu’une population est immunisée soit par la vaccination soit par une infection antérieure », détaille l’OMS. Qui prône « la recherche d’une immunité collective par la vaccination et non en permettant à une maladie de se propager au sein d’une couche de la population, car cela entraînerait des cas et des décès inutiles ».
Laisser « filer » la maladie pour atteindre l’immunité collective et sortir plus rapidement de la crise, c’est la stratégie qu’a notamment choisi la Suède à l’arrivée du virus sur son territoire en n’imposant pas, par exemple, de mesures de confinement ou de port du masque. Avant de rétropédaler quelques mois plus tard, face à un nombre de décès significativement plus important que dans les autres pays nordiques qui avaient adopté des mesures beaucoup plus restrictives.
A l’autre bout du monde, là où est né le virus, c’est l’option inverse qui a été privilégiée. La Chine a fait le choix d’appliquer une politique zéro Covid ultra restrictive début 2020, avant de la lever brutalement près de trois ans plus tard face à l’exaspération de sa population et à l’impact sur son économie. Résultat prévisible : au sein d’une population sans immunité collective car peu ou pas exposée au virus et à ses variants et faiblement vaccinée, les contaminations explosent. Certains experts estiment que l’on pourrait dépasser le million de morts au printemps.
Une épidémie toujours active
Et en France ? De mars 2020 à aujourd’hui, nous avons connu confinements, distanciation sociale, gestes barrière, couvre-feux, dépistage, isolement, puis, lorsqu’elle a été possible, vaccination. Selon les derniers chiffres de Santé publique France, au 5 janvier dernier, 79% des Français avaient reçu une primo-vaccination complète (les 2 doses) et 60% une primo-vaccination complète et au moins une dose de rappel.
Quant au taux de reproduction effectif du virus (le nombre de personnes non immunisées qu’une personne contaminée peut infecter), il est récemment repassé sous la barre fatidique de 1, pour s’établir à 0,6. En clair : l’épidémie régresse. Mais elle n’est pas pour autant éteinte. Comment l’expliquer, alors que si l’on prend en compte les vagues successives de contaminations et la vaccination, l’immunité collective atteignait dès mars dernier plus de 90% de la population, selon l’Académie de médecine ?
Un virus instable
Parce que, contrairement au virus de la rougeole ou de la variole qu’il suffit de rencontrer une fois pour être immunisé à vie, ce virus est très instable : depuis le virus originel, une demi-douzaine de variants se sont succédé, dont le redoutable Omicron. Des variants toujours plus contagieux, au potentiel de réinfection plus important : les réinfections après une première contamination et les infections après la vaccination ne sont pas rares.
C’est l’autre caractéristique des derniers variants issus d’Omicron : ils montrent une grande capacité à échapper aux anticorps induits par la vaccination et l’infection, selon une étude publiée dans The New England Journal of Medicine en juin dernier. Soit avant la mise sur le marché des vaccins bivalents notamment dirigés contre les variants BA.4 et BA.5.
Ces vaccins, autorisés en France en novembre, permettront-ils d’atteindre enfin cette fameuse immunité collective ? Là encore, difficile de le prédire : au 2 janvier, seuls 16,3% des 60-79 ans et 19,6% des 80 ans et plus avaient reçu un rappel adapté aux sous-variants d’Omicron. Autre paramètre à prendre en compte : les malades asymptomatiques, par nature difficiles à quantifier. Quoi qu’il en soit, rappellent les autorités de santé, même imparfaits, les vaccins restent la meilleure arme pour réduire la transmission des virus et limiter les risques de formes graves.