Covid-19 : seulement 6 % de Français immunisés
21 avril 2020
Le début du déconfinement a été annoncé pour le 11 mai par le président de la République. Selon une étude française, l’immunité collective étant loin d’être acquise, des efforts importants devront être maintenus au-delà de cette date pour éviter une reprise de l’épidémie. Un constat inquiétant devant les annonces floues du gouvernement et la réouverture des écoles.
Mis en place le 17 mars, le confinement de la population devrait être progressivement levé le 11 mai prochain en France. Mais quelles pourraient être les conséquences d’une telle décision ? Afin de le déterminer et de définir la meilleure stratégie de sortie du confinement, des scientifiques de l’Institut Pasteur, en collaboration avec Santé Publique France et le CNRS ont réalisé une analyse détaillée des hospitalisations ainsi que des décès dus au COVID-19 en France et construit des modélisations à partir de ces données.
Résultats, « près de 6% de la population française aura été contaminée par le SARS-CoV-2 au décours de la première vague épidémique », indiquent les auteurs. « Le nombre de reproduction, qui indique le nombre de personnes infectées par chaque malade, est passé de 3,3 en début de confinement à 0,5. » Cela a conduit à une réduction du nombre journalier d’admissions en réanimation de 700 fin mars à 200 mi-avril. Le confinement a donc eu des effets positifs en termes de ralentissement de la propagation du virus. Mais « ce niveau d’immunité est très inférieur au niveau nécessaire pour éviter une seconde vague si toutes les mesures de contrôle devaient être levées », poursuivent les chercheurs. « L’immunité collective nécessaire est actuellement estimée à 70%. Par conséquent, des efforts importants devront être maintenus au-delà du 11 mai pour éviter une reprise de l’épidémie. »
Le danger de l’option immunité collective
Et ce d’autant plus que « le pari de cette immunité de groupe c’est comme jouer aux dés avec la santé de la population », estime ce mardi 21 avril sur franceinfo le Pr William Dab, ancien directeur général de la Santé et épidémiologiste. « On ne sait pas si les anticorps produits après l’infection sont protecteurs. On a quelques raisons de le penser, mais on ne sait pas combien de temps et on ne sait pas où, quand, comment, le virus va muter. » Les bons résultats obtenus grâce au confinement pourraient donc être compromis suite à la levée – même partielle – des mesures le 11 mai.
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Source : Institut Pasteur, 21 avril 2020
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet