Covid-19 : Vis ma vie d’hypocondriaque

30 mars 2020

S’inquiéter sans cesse pour sa santé ! C’est le quotidien des hypocondriaques. L’épidémie de coronavirus pourrait laisser penser qu’ils vivent des jours d’angoisse. Pourtant, pour Charlotte Kayes, psychologue clinicienne spécialisée dans l'étude des troubles anxieux, cette situation n’est finalement pas si différente de ce qu’ils vivent chaque jour depuis des années.

L’hypocondrie, c’est la peur excessive de la maladie. Ce syndrome repose souvent sur l’auto-diagnostic avec une interprétation du moindre signe corporel comme une maladie grave : j’ai mal à la tête, j’ai une tumeur au cerveau.

En toute logique, la peur du coronavirus doit être exacerbée chez l’hypocondriaque. « Bien entendu, la peur de la contagion est forte chez ces patients », concède Charlotte Kayes. « Mais le fait de se laver les mains, de ne pas se faire la bise… bref d’être hyper-précautionneux, les hypocondriaques le font depuis toujours. D’ailleurs, le confinement leur pose moins de problème qu’aux autres. Ils se sentent même rassurés

Sur le site madmoizelle.com, une hypocondriaque raconte : « Depuis le passage en stade 3, on m’a beaucoup demandé comment je pouvais rester aussi calme face à une situation qui devrait me provoquer des crises d’angoisse environ 20 fois par jour. La réponse s’est imposée à moi assez naturellement. C’est que contrairement aux autres, cet état n’est pas nouveau pour moi ! »

Tout le monde hypocondriaque ?

La différence aujourd’hui, « c’est que les patients se sentent davantage compris. Ils ne seront pas jugés s’ils désinfectent une poignée de porte ou s’ils refusent de serrer une main », continue Charlotte Kayes.

Quoi qu’il en soit, hypocondriaque ou non, la psychologue délivre quelques conseils pour ne pas se laisser submerger par l’angoisse. « Ne vous branchez pas toute la journée sur les chaînes d’info. Maintenez le contact avec vos proches. Distinguez bien le rythme semaine du week-end. Par ailleurs, l’ennui appelle les angoisses. Donc occupez-vous. Il existe enfin de nombreuses applications (cohérence cardiaque, yoga…) pour se détendre ».

A noter : Si votre niveau d’anxiété continue de croître, n’attendez pas pour consulter à distance.

  • Source : Interview de Charlotte Kayes, 26 mars 2020

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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