Crise cardiaque: que faire et surtout ne pas faire !

14 avril 2025

Quels efforts sont permis lorsque l’on croit ressentir des signes typiques d’un infarctus du myocarde ? Comment limiter les séquelles ? Quels sont les soins prodigués par les secours ? Les réponses du Pr Patrick Henry, cardiologue interventionnel, chef de service de cardiologie de l’hôpital Lariboisière (AP-HP, Paris).

Que faire si l’on pense être victime d’un infarctus du myocarde ?

Pr Patrick Henry : De nombreuses personnes redoutent de faire un infarctus lorsqu’elles ressentent une douleur dans la poitrine. Pourtant, cette douleur peut avoir de nombreuses causes, souvent bénignes. Précisément, la douleur liée à un infarctus est intense, localisée au centre de la poitrine ou dans le dos, et peut irradier vers les épaules, parfois jusqu’aux bras, mais jamais jusqu’aux mains. Il s’agit généralement d’une douleur inédite, par son intensité et sa localisation, et elle dure depuis au moins 15 à 20 minutes.

Si vous ressentez cette douleur, la seule chose à faire est de vous allonger et d’appeler immédiatement les secours. Tout effort ou déplacement peut entraîner des troubles du rythme cardiaque – ici, une accélération du cœur – et augmenter le risque. Si les secours ne sont pas disponibles (à l’étranger, par exemple), il est préférable de s’allonger dans une voiture et de se faire transporter rapidement à l’hôpital le plus proche. Ne jamais prendre le volant soi-même, car un trouble du rythme pourrait provoquer un accident.

Pourquoi un effort excessif est-il très risqué pour le myocarde (le muscle cardiaque) ?

Pr Henry : L’effort oblige le cœur à travailler davantage alors même qu’il est déjà en grande souffrance. De plus, il déclenche un réflexe qui peut provoquer des troubles du rythme cardiaque ce qui peut parfois être fatal. Plus on attend, plus la zone du cœur qui souffre meurt et devient irrécupérable, ce qui dégrade la fonction cardiaque.

L’étendue des dommages et des séquelles n’est généralement pas influencée par les efforts que le patient pourrait faire au moment de l’infarctus. En revanche, les efforts peuvent favoriser l’apparition de troubles du rythme cardiaque, dès le début de l’infarctus. Ils sont mortels si un choc électrique n’est pas administré en urgence. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons d’être des défibrillateurs présents dans les villes.

Que peut-on faire et quels gestes adopter en attendant les secours ?

Pr Henry : Dans cette situation stressante, allongez-vous et essayez de respirer doucement et profondément. Ne marchez surtout pas. La position allongée est préférable car elle réduit le travail du cœur. De plus, en cas d’accélération brutale du rythme cardiaque, cela évite les chutes et les blessures.

Que feront les secours sur le chemin de l’hôpital ?

Pr Henry : Les secours commenceront par confirmer le diagnostic avec un électrocardiogramme. Ils assureront votre sécurité en surveillant en permanence le rythme de votre cœur et en évaluant les effets de l’infarctus sur votre organisme. En cas de complication, comme une accélération du rythme cardiaque, ils pourront administrer un médicament pour le ralentir ou réaliser un choc électrique (que vous ne sentirez pas). Un traitement sera rapidement instauré, car l’infarctus est causé par une artère du cœur obstruée par un caillot. Le médicament administré visera à réduire cet obstacle et sera ajusté en fonction de votre éloignement de l’hôpital. Si vous êtes loin, un médicament plus puissant sera utilisé.

Les secours vous conduiront vers un hôpital équipé de la salle de coronarographie, où les cardiologues procéderont immédiatement à la désobstruction de l’artère bouchée. En plus de la surveillance du rythme cardiaque et de l’évaluation de la fonction cardiaque, les traitements débutés auront pour objectif de dissoudre ou faciliter la dissolution du caillot, afin de rouvrir l’artère. Lorsque le cœur est très affecté, des médicaments peuvent être administrés pour aider le cœur à fonctionner.

Plus l’intervention est rapide, moins les séquelles seront importantes. En pratique, il est rare qu’il y ait des séquelles graves si l’artère obstruée est rouverte dans l’heure et demie qui suit l’infarctus. Généralement, les séquelles sont maximales après six heures. Au-delà de ce délai, la question même de la réouverture de l’artère se pose.

  • Source : Interview du Pr Patrick Henry, cardiologue interventionnel et chef de service de cardiologie de l’hôpital Lariboisière (AP-HP, Paris) (avril 2025)

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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