Cuisson au gaz : risque d’asthme infantile
13 janvier 2023
La pollution intérieure a diverses sources. Parmi elles, les substances contenues dans le gaz utilisé lors de la cuisson sont largement sous-estimées, selon un récent rapport de deux associations. Loin d’être anodine, cette pollution augmenterait le risque de développer un asthme chez l’enfant. Alarmant quand on sait qu’un ménage français sur trois cuisine au gaz…
Selon de nombreux chefs et autres foodistas, cuisiner au gaz est la meilleure façon de réussir toutes les recettes. Pourtant, ce mode de cuisson serait à bannir selon l’ONG CLASP et l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA). Associées à l’institut de recherche « Organisation pour la recherche scientifique appliquée aux Pays-Bas » (TNO), elles ont mené un travail qui aboutit à un constat accablant : la cuisson au gaz (plaques de cuisson, fours, cuisinières) provoque des dépassements des seuils limites de concentrations de pollution au dioxyde d’azote recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Et ce « plusieurs fois par semaine tout au long de l’année », précise leur rapport. Sans compter que « les plaques de cuisson au gaz émettent du monoxyde de carbone, des particules ultrafines et d’autres polluants, pouvant avoir de graves effets sur la santé, en particulier chez les enfants ».
Une cause d’asthme
Parmi les conséquences sanitaires : l’asthme infantile. « Le nombre d’enfants dans l’Union européenne présentant des symptômes d’asthme au cours des 12 derniers mois en raison de la cuisson au gaz est estimé à plus de 700 000, soit 12 % du nombre total de cas d’asthme actuellement parmi les enfants de l’UE », indique le rapport. En France, ce seraient plus de 140 000 enfants qui souffriraient de cette maladie respiratoire à cause de cette méthode de cuisson.
De précédents travaux ont soulevé d’autres troubles de santé liés à la cuisson au gaz. Une étude espagnole de 2009 a ainsi établi un lien entre l’utilisation du gaz à domicile et le trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention chez les jeunes enfants. Constat conforté par une étude chinoise de 2020 suggérant que la cuisson au gaz pendant la grossesse peut entraîner une hyperactivité chez les tout-petits. Les polluants émis par la cuisson au gaz ont en outre été associés à des effets négatifs sur le cerveau et les systèmes respiratoire et nerveux des adultes.
Que faire ?
Face à ce constat alarmant, « les gouvernements ont la responsabilité de mettre en place des systèmes qui nous éloignent du gaz et nous orientent vers une cuisson électrique propre », estime le Dr Milka Sokolović, directeur général de EPHA. D’autant plus que dans le contexte de réduction de sobriété face à la crise énergétique, « nous craignons que la qualité de l’air intérieur ne devienne particulièrement mauvaise cet hiver dans les maisons utilisant des cuisinières à gaz, car les ménages aèrent moins la cuisine pour réduire leur consommation de chauffage et économiser de l’argent », signale Christine Egan, PDG de CLASP.
A noter : 31,7 % des ménages français cuisinent au gaz.
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Source : RESPIRE, Association Nationale pour l’Amélioration de la Qualité de l’Air et la Défense des Victimes de la Pollution - l’ONG CLASP et l’Alliance européenne pour la santé publique (EPHA)
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet