Curiosité : tous les enfants ne sont pas égaux
05 juillet 2021
La curiosité est un vilain défaut. Vraiment ? En réalité, on sait depuis longtemps que faire preuve de curiosité, dès la plus tendre enfance, permet d’apprendre davantage. Mais tous les bébés ont-ils la même capacité à s’intéresser à ce qui les entoure ? Cet intérêt demeure-t-il au fil des mois, des années ?
La toute petite enfance est le temps de l’apprentissage, de la découverte et donc de la curiosité pour l’environnement du bébé. Pour autant, certaines études ont mis en avant que tous les nourrissons ne montrent pas le même intérêt pour les événements qui les entourent. Même si ceux-ci sont surprenants. Mais les scientifiques soupçonnaient jusqu’à présent que des biais pouvaient en être la cause : le bébé était fatigué au moment de l’étude ou il avait faim ou encore il était grognon.
Pour en savoir plus, Lisa Feigenson, directrice adjointe du laboratoire sur le développement de l’enfant à la Johns Hopkins University a mené une étude originale auprès de 65 enfants. Elle a exposé les petits âgés de 11 mois au début de ce travail, à plusieurs scènes impliquant des jouets. Soit le jouet se comportait « normalement », soit il semblait traverser un mur. Six mois plus tard, alors que les bébés avaient 18 mois, une expérimentation semblable a été réalisée. Dans ce cas, le jouet semblait flotter dans l’air.
Une différence constante
Certains bébés regardaient le jouet « magique » plus longtemps et de manière plus intense. Tandis que d’autres s’en désintéressaient très vite. Un constat cohérent donc avec les études précédentes. Mais ce qui a surpris les chercheurs, c’est la constance du comportement. « Les enfants qui regardaient intensément les jouets magiques à 11 mois étaient les mêmes qu’à 18 mois. » Ce qui semble écarter le problème des biais évoqués plus haut. Une découverte en soi pour les scientifiques !
Mais la différence entre bébé curieux et bébé indifférent perdurerait-elle dans le temps ? Afin de le savoir, et en raison des contraintes dues à la pandémie de Covid-19, les chercheurs ont donc envoyé un questionnaire destiné à évaluer la curiosité des enfants – désormais âgés de 3 ans – à leurs parents. Le résultat fut sans appel : les enfants les plus curieux lorsqu’ils étaient bébés restaient ceux qui exprimaient le plus d’intérêt aux événements peu ordinaires de leur environnement. A ce stade, ils cherchaient même à résoudre le mystère de ces objets « magiques ».
Désormais, les chercheurs souhaitent poursuivre ce travail sur le long cours. Objectif, déterminer si ces différences de curiosité – et donc d’intérêt et de capacité d’apprentissage – perdurent à l’adolescence et à l’âge adulte.
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Source : Johns Hopkins University, juin 2021
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet