Dans le grand bain, malgré l’hémiplégie !

20 décembre 2010

Pas toujours évident de se remettre au sport après un accident vasculaire cérébral (AVC), surtout s’il a provoqué une hémiplégie… C’est pourtant particulièrement souhaitable, car c’est un bon moyen de restaurer ses capacités physiques… et de diminuer son niveau de risque cardiovasculaire. Voilà pourquoi le CHU de Rennes a lancé une expérience originale d’entraînement à la natation, pour des patients hémiplégiques.

L’hémiplégie entraîne des troubles du geste, des défauts de la coordination, des difficultés à la déambulation. Pour lutter contre ces déficiences, il n’y a pas que la rééducation en hôpital juste après l’AVC. La pratique d’un sport aussi est conseillée. Elle doit cependant, être adaptée à l’état de chaque patient.

Avant toute chose, un bilan médical est donc nécessaire. Il doit prendre en compte l’état neurologique et cardiovasculaire du malade. Un bilan de ses déficiences (motrices, sensitives, musculaires) et de ses capacités (déambulation, préhension…) permet de mieux savoir quelles activités seront possibles.

Pourquoi pas la natation?

C’est en 2009 que le CHU de Rennes a mis en place un programme de ré-entraînement à l’effort par la natation chez les patients hémiplégiques. Cette évolution s’est faite dans le cadre de la promotion de l’éducation thérapeutique. Ce programme de natation se déroule en-dehors de l’hôpital naturellement, dans un cadre associatif. « Le but est d’améliorer la capacité cardiovasculaire, la capacité à la déambulation et de façon générale, la qualité de vie » explique le Dr Philippe Carson, praticien hospitalier (PH) dans le service de médecine physique et de réadaptation. « Les séances sont hebdomadaires, durent une heure, et regroupent 4 patients par ligne d’eau. Les patients sont revus tous les 6 mois, pour mesurer l’évolution de leurs capacités. » Différents services – neurologie, rééducation, médecine du sport… – ont collaboré à ce programme, avec le soutien de l’antenne départementale de France AVC, et de la municipalité de Rennes.

« Même les patients qui étaient sportifs avant leur AVC peuvent être un peu inquiets à l’idée de reprendre le sport. Dans un premier temps, il s’agit de les rassurer. De leur expliquer l’intérêt de l’activité physique » indique le Dr Carson. « La première étape est tout simplement le contact avec l’eau. Au fur et à mesure des séances qui se déroulent sous la supervision d’un maître-nageur, les patients utilisent la planche, soit sur le bras hémiplégique pour avoir un meilleur contrôle ou sur le bras sain pour améliorer la coordination” . L’activité permet aussi d’améliorer la respiration. Les techniques de nage varient : d’abord la brasse et le dos crawlé, puis le crawl. Avec le temps, les patients peuvent augmenter la durée de nage, le nombre de longueurs, la vitesse… “Nous considérons que le but est atteint lorsque les patients cessent l’activité dans ce cadre… mais la continuent pour eux-mêmes comme n’importe qui. »

  • Source : Interview Dr Philippe Carson, 13 décembre 2010

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