Déconnexion : laissez-vous penser !

08 août 2022

Si, dans les situations d’attente, nous avons tant besoin de consulter nos smartphones ou de chercher des distractions, c’est sans doute parce que nous sous-estimons le plaisir et l’intérêt que nous aurions... à ne pas le faire ! Ou plus exactement, à nous laisser aller, entièrement seuls, à nos pensées. Telle est la conclusion d’une étude publiée par des chercheurs japonais.

Les chercheurs ont proposé à 259 étudiants japonais et britanniques d’attendre en ne faisant rien pendant un temps déterminé (allant de 3 à 20 minutes) et dans divers endroits (de la salle de conférence vide à une petite tente obscure, avec à chaque fois zéro stimulation visuelle pour les distraire). Mais surtout, ils leur ont demandé auparavant de prédire la satisfaction qu’ils auraient à accomplir cette expérience. Puis, cette dernière réalisée, la satisfaction réelle qu’ils éprouvaient à l’avoir fait.

Quelles que soient les configurations, les chercheurs ont constaté que la satisfaction ressentie était plus grande que celle qu’ils avaient imaginée. En comparant les résultats à ceux d’une expérience similaire, où ils demandaient cette fois aux étudiants de passer leur temps d’attente à consulter les nouvelles sur Internet, ils ont remarqué là encore que ceux qui étaient invités à ne rien faire étaient aussi ceux qui sous-estimaient le plus fortement la satisfaction qu’ils pouvaient en attendre.

Esprit vagabond, esprit fécond

« Il est extrêmement facile de ‘tuer le temps’ », rappelle l’un des coauteurs de l’étude, le Dr Kou Murayama. « Dans le bus qui vous emmène au travail, vous pouvez ainsi consulter votre téléphone plutôt que de vous plonger dans vos pensées. Et ceci juste parce que vous prédisez que penser sera ennuyeux. Mais si cette prédiction est inexacte, vous avez juste manqué une bonne occasion de vous faire du bien ! ».

Des études antérieures ont en effet montré que passer du temps à laisser son esprit vagabonder peut nous aider à résoudre des problèmes, à améliorer notre créativité, voire à trouver un sens à notre vie. Même si, et il faut le souligner, ce temps de vagabondage n’a pas été, dans cette étude, considéré comme une activité spécialement agréable. Par ailleurs, « certaine personnes peuvent se retrouver dans des cercles vicieux de pensées négatives », tempère encore le spécialiste. Enfin, ces résultats doivent être reproduits dans des populations plus diverses que ces étudiants — déjà habitués à penser et particulièrement enclins à se distraire sur leurs smartphones !

  • Source : Hatano A, et al «Thinking about thinking : People Underestimate How Enjoyable and Engaging Just Waiting Is » Journal of Experimental Psychology (28/07/2022) (doi: 10.1037/xge0001255)

  • Ecrit par : Clara Delpas — Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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