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Santé publique France alertait mercredi 17 septembre sur une hausse inédite des cas de chikungunya, de dengue et du virus West Nile en France métropolitaine depuis le printemps 2025. 484 cas pour le chikungunya, 32 cas d’iinfections par le virus du West Nile, 21 cas de dengue et l’apparition de cas pour la toute première fois dans certaines régions de France. Ces trois maladies sont des arboviroses, soit des maladies vectorielles transmises par la piqûre d’un moustique infecté.
Hasard du calendrier, l’Anses publie jeudi 18 septembre une évaluation de l’efficacité des lâchers de moustiques sur les populations d’insectes et les virus qu’ils transmettent. A ce jour, la lutte contre les moustiques repose principalement sur les insecticides, très contraignants puisqu’ils présentent des risques importants pour la santé humaine et animale. A cela s’ajoute le fait que les moustiques développent des résistances contre ces produits. Aussi apparaît-il pertinent de rechercher de nouvelles parades.
Trois types de moustiques peuvent être concernés par le lâcher de moustiques :
L’Anses a qualifié le niveau de preuve pour chaque technique ; avéré, possible, probable ou non qualifiable. Bons points : « la technique de l’insecte stérile a notamment un niveau de preuve avéré pour la réduction du taux d’éclosion des œufs chez Aedes albopictus et probable chez Aedes aegypti. Les données disponibles montrent également la capacité de la technique de l’insecte incompatible à réduire le taux d’éclosion des œufs et le nombre de femelles des trois espèces d’Aedes étudiées », précise l’Anses. Mais les données manquent pour déterminer si ces techniques font véritablement baisser l’incidence des maladies vectorielles. Quant à la technique de remplacement, l’expertise a mis en évidence un effet avéré à diminuer l’incidence de la dengue et un effet possible sur l’incidence du chikungunya.
L’Agence espère des données supplémentaires pour affiner l’évaluation.
Elle met toutefois en avant des effets inattendus auxquels il faudra être particulièrement vigilant. Apparition de phénomènes de résistance chez les insectes, perturbation des chaînes alimentaires, modification des dynamiques de transmission des virus à l’être humain… à ce jour ces effets non-intentionnels sont peu documentés et devront faire l’objet de travaux spécifiques afin de les anticiper. L’Anses propose de mener une nouvelle expertise pour identifier les indicateurs permettant une surveillance efficace de ces éventuels effets.
Les lâchers de moustiques nécessitent d’être déployés sur le long terme et lorsque les densités de population son faibles. Ils ne pourraient donc à eux seuls venir à bout des arboviroses transmises par les moustiques et du risque épidémique induit. Ces techniques « doivent donc être mises en œuvre dans le cadre d’une stratégie de lutte antivectorielle intégrée. Aussi, d’autres méthodes de prévention et de lutte, notamment celles visant la réduction des populations de moustiques en amont des lâchers restent indispensables, ainsi que, le cas échéant, la mise en place d’une stratégie vaccinale adaptée ».
Il s’agit, à l’échelle individuelle, de vider les réservoirs d’eaux stagnantes comme les seaux, ranger le matériel pouvant accumuler l’eau de pluie, recouvrir les bidons de récupération d’eau de pluie de moustiquaire ou de tissu et de nettoyer les gouttières pour éviter la stagnation. Santé publique France rappelait dans son communiqué que la saison n’étant pas terminée, la vigilance reste de rigueur.
Source : Anses, Santé publique France
Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet