« Dents crayeuses » : le mystère enfin percé ?
28 décembre 2021
Elles sont inesthétiques, font le lit des caries et des moqueries à l’école. Une équipe de chercheurs australiens et chiliens pense avoir découvert l’origine des « dents crayeuses », qui concernent un enfant sur cinq dans le monde.
Hypominéralisation des molaires et incisives (MIH). C’est le nom de cette affection dentaire également nommée « dents crayeuses », que les dentistes repèrent généralement sur les dents d’enfants âgés de 6 ans. « Elle touche au moins une ou les quatre premières molaires permanentes. Les incisives permanentes peuvent aussi être atteintes », précise le CHU de Nantes sur son site Internet.
Comment se manifeste-t-elle ? Par des taches bien délimitées sur l’émail, de taille et de couleur variable, allant du blanc au jaune, voire brun. Plus fragiles que les autres, les dents touchées cassent plus facilement (fractures de l’émail), sont hypersensibles au chaud, au froid, au brossage et aux caries. L’origine de cette pathologie, qui n’est pas héréditaire, reste inconnue. L’hypothèse privilégiée était jusque-là celle d’une perturbation de la formation de l’émail causée par une maladie contractée pendant l’enfance.
Albumine sérique
Des chercheurs australiens et chiliens pensent avoir percé le mystère : selon les résultats de leur étude publiée dans la revue Frontiers of Physiology, les maladies infantiles (ils ne précisent pas lesquelles) seraient bien le facteur déclenchant de l’hypominéralisation des molaires et incisives. Elle résulterait non pas d’un défaut des cellules qui forment l’émail, mais de l’action de l’albumine sérique.
De quoi s’agit-il ? De la protéine présente à la fois dans le sang et le fluide tissulaire qui entoure les dents en développement. D’après les chercheurs, l’émail en développement serait comme « empoisonné » par une fuite d’albumine probablement déclenchée par la fièvre. « L’albumine se lie aux cristaux de minéraux de l’émail et bloque leur croissance, ce qui entraîne des opacités crayeuses aux bords distincts », précise l’étude. C’est d’abord l’apparition des taches, puis des douleurs.
Prise en charge
D’autres facteurs, environnementaux notamment, semblent également entrer en compte dans la survenue de l’hypominéralisation des molaires et incisives – l’influence du bisphénol A fut un temps évoquée. Cette dernière découverte fera-t-elle évoluer la prise en charge de cette pathologie qui touche 15 à 18% des enfants français de 6 à 9 ans (chiffres de 2019) ?
Il est encore trop tôt pour le dire, mais le repérage précoce est un facteur clé du traitement. Du côté des parents, l’apparition d’éventuelles taches est à surveiller, ainsi qu’une sensibilité au moment du brossage. Elles doivent conduire à consulter un dentiste sans tarder.
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Source : CHU de Nantes, Frontiers of Physiology, consulté le 21 décembre 2021
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Dominique Salomon