Bisphénol A : dans les dents !
11 juin 2013
Dans cette étude, la dent vient s’ajouter à la liste déjà longue des cibles du BPA. ©Phovoir
Nos dents sont-elles aussi victimes du bisphénol A (BPA) ? C’est en effet ce que suggèrent des chercheurs français de l’INSERM. Grâce à une étude réalisée sur le rat, ils montrent qu’une exposition quotidienne et précoce à de faibles doses de ce composé chimique, altèrerait l’émail dentaire. Les troubles en question seraient d’ailleurs proches des symptômes d’une maladie récemment décrite et observée chez 18% des enfants de 6 à 8 ans…
Les équipes d’Ariane Berdal (Université Paris-Diderot) et de Sylvie Babajko (Unité INSERM 872 à Jussieu) ont traité l’émail de rats avec de faibles doses de BPA (5 microgrammes/kg/jour). Dans un premier temps, ils ont observé que les incisives des rongeurs présentaient notamment des taches blanches.
Dans un second temps, ils ont comparé ces taches à celles observées dans une pathologie de l’émail qui touche notamment les enfants de 6 à 8 ans et appelée MIH (Molar Incisor Hypomineralization). Les petites victimes présentent également des dents hypersensibles à la douleur et sujettes aux caries. « L’observation macroscopique des taches sur les deux séries de dents montre des similitudes, notamment un émail fragile et fracturé », soulignent les chercheurs.
Un marqueur d’exposition au BPA?
Pour Sylvie Babajko, « dans la mesure où le BPA aurait le même mécanisme d’action chez le rat et chez l’homme, il pourrait être un agent causal du MIH ». Si ces résultats sont confirmés, la dent pourrait à l’avenir être utilisée comme « marqueur précoce d’exposition aux perturbateurs endocriniens ».
Après les maladies cardiovasculaires, les cancers hormonodépendants, le diabète, l’obésité, les troubles thyroïdiens, les dysfonctionnements métaboliques et encore intestinaux… la dent pourrait donc être une cible du BPA. Ce composé est utilisé notamment dans la fabrication de récipients alimentaires (bouteilles, biberons…). On le retrouve aussi dans les films de protection à l’intérieur des canettes et des boîtes de conserves ou encore sur les tickets de caisse où il est utilisé comme révélateur. Depuis le 1er janvier 2013, la commercialisation des conditionnements alimentaires en BPA destinés aux nourrissons et enfants jusqu’à trois ans est interdite. Et à partir du 1er janvier 2015, cette mesure sera étendue à tous les conditionnements alimentaires contenant du BPA.
Ecrit par : David Picot – Edité par Vincent Roche