Dépakine : l’usine Sanofi suspend sa production

10 juillet 2018

Les révélations de l’association France Nature Environnement ont fait leur effet. Le laboratoire Sanofi a décidé l’arrêt de la production sur son site de Mourenx après la publication des mesures de rejets de substances toxiques largement au-dessus de la norme.

Le laboratoire Sanofi a décidé « dès aujourd’hui l’arrêt de la production de son site de Mourenx », qui fabrique entre autres la Dépakine. Les révélations de l’association France Nature Environnement ont poussé l’entreprise à prendre cette décision. En effet, des rejets de matières dangereuses à des taux bien supérieurs aux seuils autorisés avaient été constatés.

Le Gouvernement de son côté attendra que « toutes les conditions en matière d’émissions et d’absence de risques pour les salariés et les riverains [soient] réunies pour […] autoriser une reprise de l’activité du site ». Pour le moment, « des prélèvements et analyses doivent être effectués par des laboratoires indépendants sur le site et dans son voisinage pour s’en assurer », annoncent les ministères en charge de la Santé et de la Transition écologique.

Une réaction à retardement

Si elle se réjouit de cette décision, l’association France Nature Environnement estime toutefois que le laboratoire a mis beaucoup trop de temps à réagir. En effet, un premier rapport d’inspection des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) avait été réalisé en septembre 2017. Lequel révélait que « Sanofi ne contrôlait pas ses 3 colonnes d’abattage (les structures chargées de traiter les rejets toxiques ndlr), mais une seule », indique l’association. L’usine a donc été mise en demeure de réaliser ces mesures jusque-là négligées. « Ce qu’elle a fait en octobre 2017, mais les résultats n’ont été communiqués qu’en mars 2018 », note Cathy Soublès de la Sepanso (association membre de France Nature Environnement). Près de 6 mois se sont donc écoulés pendant lesquels Sanofi « continuait à polluer massivement l’air ».

Une nouvelle inspection a ensuite été effectuée en avril 2018, révélant à nouveau « une situation de dépassement inacceptable des normes de rejets pour plusieurs composés organiques volatils et notamment pour le bromopropane », indiquent les ministères en charge de la Santé et de la Transition écologique. Lesquels ont toutefois estimé que « ces dépassements ne présentaient pas de dangers pour les riverains à court terme ». Mis en demeure de se mettre en conformité sous 3 mois (le délai courait jusqu’au 23 juillet), Sanofi a donc devancé les autorités.

« Sanofi semble avoir pris la mesure de ses actes », estime Cathy Soublès. « Mais sans le battage médiatique, ils n’auraient peut-être pas réagi aussi vite. C’est malheureux. » L’association réclame « la prise en compte du caractère cancérogène, mutagène et reprotoxique des rejets de l’usine dans les inspections ».

A noter : L’usine fait l’objet d’une procédure concernant les rejets dans l’environnement de valproate de sodium, principe actif de la Dépakine. Saisis en juin, l’Anses, l’ANSM et l’Ineris rendront le 12 juillet les résultats de leur évaluation des données transmises par Sanofi en matière d’impact sur la santé humaine.

  • Source : Sanofi, 9 juillet 2018 – ministère de la Solidarité et de la Santé et ministère de la Transition écologique et solidaire, 10 juillet 2018 – interview de Cathy Soublès, Sepanso, 10 juillet 2018

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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