Dépression, anxiété, quand la sexualité s’en ressent

20 février 2025

Les études sont formelles : les troubles sexuels sont largement surreprésentés chez les personnes souffrant de dépression, comparativement à la population générale. Avec des proportions qui peuvent atteindre 70 % des cas ! Quelles en sont les manifestations ?

La dépression comme l’anxiété peuvent entraîner ce que les spécialistes appellent une dysfonction sexuelle. « En consultation, souligne Sandra Saint-Aimé, thérapeute de couple et présidente du Syndicat national des sexologues cliniciens (SNSC), la problématique est souvent amenée sous l’angle de la perte de libido. C’est ensuite, en investiguant autour de l’activité professionnelle, de la santé, des enfants ou plus globalement de la charge mentale, que l’on peut se rendre compte de la présence d’un terrain d’anxiété voire de dépression ».

Troubles de l’érection, de la lubrification…

Cette absence ou baisse du désir peut se manifester sous différente formes, comme « des troubles de l’érection chez l’homme et des problèmes au niveau de la lubrification chez la femme », poursuit-elle. Sandra Saint-Aimé met également en avant « des difficultés à atteindre l’orgasme » voire « à se sentir véritablement présent durant l’acte sexuel ». Elle explique : « les pensées négatives et les ruminations peuvent prendre une telle place que la personne se trouve dans l’incapacité à se concentrer sur le moment présent ». Sans compter que certains patients vont tout bonnement s’interdire tout moment de plaisir et de détente. « Cela peut aller jusqu’à l’évitement de l’acte sexuel ».

Com-mu-ni-quer !

Toutes ces situations apparaissent susceptibles de générer des tensions, de l’incompréhension voire de l’inquiétude au sein du couple. « Le partenaire peut facilement imaginer qu’il est la cause de cette baisse de désir ou absence de relations », poursuit Sandra de Saint-Aimé. « Parler de son trouble d’anxiété ou de sa dépression donne du sens à la situation et rassure l’autre ». Lequel est alors en mesure d’accompagner et de mieux soutenir son partenaire.

Les antidépresseurs, aussi…

La plupart des antidépresseurs peuvent également induire des troubles de la sexualité. Au point de constituer un facteur fréquent de non-observance de ces traitements. Ce qui signifie qu’il convient aussi de faire part de ses éventuels problèmes sexuels au thérapeute qui nous suit pour un motif de dépression ou d’anxiété. Sachant que d’une manière générale, la prise en charge du syndrome dépressif améliore généralement les troubles sexuels.

  • Source : Interview de Sandra Saint-Aimé (www.sandrasaintaime.com/), le 18 février 2025 - La Presse Médicale, Volume 43, Issue 10, Part 1, October 2014, Pages 1111-1115 - Kachouchi, A., Akammar, S., Salim, S., Adali, I., Manoudi, F. et Asri, F. (2019) . Premier épisode dépressif majeur et dysfonctions sexuelles. Sexologies, Vol. 28(4), 211-217.

  • Ecrit par : David Picot - Edité par Emmanuel Ducreuzet

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