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© nepool/shutterstock.com
Le lien entre dépression et dysfonctionnement du microbiote intestinal a déjà été largement étudié. Les patients souffrant de cette maladie mentale ont, selon différents travaux précédemment publiés, des anomalies dans la composition de leur flore intestinale. Ils présentent en particulier un déséquilibre des bactéries colonisant naturellement l’ensemble de l’appareil digestif. Preuve en est : le transfert de cellules du microbiote intestinal prélevées sur un patient dépressif suffit à déclencher cette maladie chez un patient « sain ».
Mais quelle partie du corps reliant le cerveau à l’intestin pourrait être concernée ? Selon des chercheurs de l’Inserm, de l’Institut Pasteur et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le nerf vague, le plus grand de l’organisme humain, reliant intestin et cerveau serait à même de « conditionner la survenue d’une dépression induite par des anomalies du microbiote intestinal ».
« Des bactéries intestinales sont retrouvées en proximité de ce nerf et impactent son activité », souligne la Pr Eleni Siopi (Université Paris Cité), première auteure de ces travaux. Et ce nerf est relié à des régions cérébrales impliquées dans la gestion des émotions. »
Pour étudier le rôle du nerf vague dans la dépression, les chercheurs « ont effectué des transferts de microbiote de souris souffrant de cette maladie à d’autres, saines, présentant un nerf vague indemne ou au contraire sectionné au niveau de l’abdomen (vagotomie) ». Comment alors repérer des souris dépressives ? Cela se traduit par une perte d’intérêt, de curiosité, de motivation, ou encore une apathie lors d’exercices simples ».
Des symptômes observés chez les souris du groupe contrôle, présentant donc initialement un nerf vague indemne. En revanche, chez les rongeurs dont le nerf vague a lui été sectionné, « le transfert de microbiote n’a pas induit de dépression ». Bilan : « la vagotomie a provoqué un découplage de l’intestin et du cerveau qui a suffi à préserver les sujets de l’état dépressif provoqué par la dysbiose intestinale », clarifie la chercheuse.
Repérer le nerf vague comme siège de la dépression peut d’ores-et-déjà servir aux patients souffrant de dépression, en agissant à ce niveau précis. « Stimuler le nerf vague grâce à la méditation ou encore des massages pourrait renforcer l’effet des traitements grâce à un meilleur contrôle du stress. En outre, moduler l’activité de protéines ou molécules spécifiques du nerf vague pourrait aider à lutter contre la sévérité ou la récidive de la dépression chez les patients », espère Eleni Siopi. Une priorité car à « l’heure actuelle, seulement un tiers des patients sont efficacement soulagés par les médicaments, c’est dire comme des solutions complémentaires sont attendues », conclut-elle.
Source : Inserm, Institut Pasteur, Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le 27 décembre 2023
Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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