Dépression résistante : un fardeau encore méconnu

28 juillet 2017

La dépression touche plus de 300 millions de personnes dans le monde et son incidence a augmenté de 18% entre 2005 et 2015. Si sa prise en charge a progressé au cours des dernières années, sa forme résistante elle, reste orpheline de traitements efficaces. Cependant, de nouvelles pistes sont à l’étude.

Pouvant se déclarer à tous les âges, la dépression se caractérise par deux symptômes clefs : une tristesse quasi-permanente, avec parfois des pleurs (humeur dépressive) ; une perte d’intérêt et de plaisir à l’égard des activités quotidiennes, même celles habituellement plaisantes (anhédonie).

« La dépression correspond à l’existence sur une période de 15 jours de ces deux symptômes », explique le Pr Emmanuel Haffen, psychiatre au CHRU de Besançon. D’autres symptômes peuvent être associés, parmi lesquels on retrouve fréquemment : un sentiment de dévalorisation et de culpabilité excessif ou inapproprié ; un ralentissement psychomoteur ; une fatigue (asthénie), souvent dès le matin ; une perte d’appétit, souvent associée à une perte de poids ; des troubles du sommeil ou encore des difficultés attentionnelles, de concentration et de mémorisation ; des troubles pouvant même aller jusqu’à des idées de mort ou de suicide récurrentes.

Les troubles dépressifs peuvent être améliorés par une prise en charge pluridisciplinaire associant une psychothérapie et l’instauration d’un médicament antidépresseur. Or dans 15% à 30% des cas, les épisodes dépressifs résistent aux traitements actuels. « On parle de dépression résistante quand on est face à un échec de deux traitements antidépresseurs bien conduits, à la dose et la durée suffisantes », précise le Pr Haffen.

Une qualité de vie bousculée

Les conséquences sur la qualité de vie des malades s’avèrent particulièrement graves. « Cette forme de dépression résistante va évoluer négativement avec des symptômes de plus en plus invalidants qui vont perturber énormément la qualité de vie. Cela a un impact délétère sur l’entourage familial et professionnel, avec une dégradation profonde des relations ». Par ailleurs, sans prise en charge adaptée, cette forme de dépression augmente le risque d’idées suicidaires et de passages à l’acte.

Des avancées dans la prise en charge

Fort heureusement comme l’indique le Pr Haffen, « il y a un travail important pour essayer de trouver des solutions thérapeutiques adaptées. Il existe les techniques de neuromodulation dont les techniques de stimulation transcranienne et la stimulation cérébrale profonde. Elles apportent un certain nombre de résultats, mais elles nécessitent néanmoins encore des travaux. Il existe également une nouvelle molécule en développement clinique qui est en cours d’expérimentation. Elle est à l’heure actuelle testée dans un certain nombre de centres en France ». L’objet de cette étude est de déterminer si un médicament expérimental, administré sous forme de spray nasal, est efficace et bien toléré, chez des patients adultes souffrant de dépression résistante. Cette étude clinique s’adresse à des patients adultes souffrant de dépression diagnostiquée et qui n’ont pas répondu à leur(s) traitement(s) précédent(s).

  • Source : http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/world-health-day/fr/ - http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/world-health-day/fr/ - Interview du Pr Emmanuel Haffen, juin 2017 - https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2010-11/troubles_depression_web.pdf - Holtzmann J, et al. Presse Med 2016;45(3):323-328.

  • Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Dominique Salomon

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