La dépression transmise sur 3 générations ?

22 août 2016

Encore une fois, la génétique a frappé. Selon des chercheurs américains, le terrain de la dépression se transmettrait sur trois générations. Cette découverte rend-elle possible une prévention auprès des enfants, adolescents et adultes à risque ?

« Avoir des parents et des grands-parents dépressifs expose à un risque élevé de développer cette pathologie mentale », expliquent des scientifiques américains de l’Université de Columbia (New York State Psychiatric Institute). Jusqu’ici, seule la transmission de cette fragilité psychiatrique des parents aux enfants était connue.

Pour le prouver, l’équipe du Pr Myrna M.Weissman a suivi 251 volontaires d’une moyenne d’âge de 18 ans. Résultats, les jeunes ayant des parents dépressifs étaient deux fois plus à risque comparés à la population générale. Idem concernant les troubles du comportement, la dépendance aux substances (drogues et/ou médicaments) et les idées suicidaires. Et dans le cas où les grands-parents étaient eux aussi diagnostiqués pour une dépression, la 3e génération se trouvait alors trois fois plus impactée par cette maladie.

Comment l’expliquer ?

« Certaines variations génétiques associées à cette vulnérabilité ont été identifiées », expliquent à ce sujet des scientifiques de l’INSERM. Des exemples ? « Au niveau des gènes codant pour le transporteur de la sérotonine* ou pour un facteur essentiel à la prolifération, la différenciation et la survie des neurones ».

Cibler les familles à risque constitue une piste préventive auprès d’enfants nés de parents et de grands-parents dépressifs. Mais d’autres travaux doivent encore confirmer cette hypothèse. « Etant donné le faible nombre de volontaires inclus dans l’étude, ces résultats sont à prendre avec des pincettes », notent les scientifiques américains. S’il y a des preuves de l’influence génétique, la dépression reste en effet une maladie multifactorielle extrêmement liée à l’histoire personnelle.

*neurotransmetteur essentiel dans le contrôle psychomoteur dont la sécrétion est altérée chez les patients dépressifs

  • Source : JAMA Psychiatry, le 10 août 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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