Des anti-asthmatiques à l’index aux USA
27 septembre 2005
Deux bronchodilatateurs à longue durée d’action augmenteraient le risque d’exacerbation grave de l’état asthmatique. Un danger potentiellement mortel. La FDA renforce ses mises en garde, l’association Public Citizen appelle à ne plus les utiliser.
Que faut-il en penser ? Serevent et Advair, disponibles en France sous le nom de Serevent et Seretide, présentent-ils vraiment un risque majeur ? Tout commence le 23 janvier 2003 quand leur fabricant interrompt, au bout de 28 semaines seulement, une étude destinée à évaluer leur sécurité à long terme. SMART (Salmeterol Multi-center Asthma Research Trial) cesse pour cause de surmortalité : 13 morts et 37 exacerbations graves pour 13 176 sujets traités, contre 3 décès et 23 accidents graves chez les témoins.
L’organisation de consommateurs Public Citizen, fondée par l’activiste Ralph Nader, inscrit dès lors ces médicaments à l’index et recommande de les éviter. Il faudra cependant attendre juillet 2005 pour que la Food and Drug Administration (FDA) mette en ligne son évaluation de cette étude. Ces produits doivent-ils être maintenus ? Pour statuer, l’agence réunit le 13 juillet dernier un Comité consultatif. Ses 12 membres décident à l’unanimité de maintenir ces médicaments, en renforçant considérablement les mises en garde.
Public Citizen pour sa part, demande plus. L’association appelle les patients à “ne pas utiliser le salmeterol (Serevent), la combinaison de salmeterol avec le corticostéroïde fluticasone (Advair, Seretide en France) ou le formoterol (Foradil, Symbicort en France) pour le traitement de l’asthme.” Elle leur enjoint “de signaler à leur médecin toute augmentation du besoin en bronchodilatateurs à courte durée d’action (Ventoline ou équivalent, n.d.l.r.) : c’est le signe que l’asthme est en train de se détériorer.” Et surtout insistent ses responsables, “ne suspendez jamais un traitement contre l’asthme sans consulter au préalable. L’arrêt brutal d’un médicament peut provoquer une détérioration aiguë du contrôle de la maladie.”
Le Pr Jean Bousquet, Directeur du Centre collaborateur de l’OMS sur l’Asthme à Montpellier, se dit “tout à fait d’accord avec les points 2 et 3 de cette argumentation. En revanche, un patient bien équilibré par son traitement (broncho-dilatateur) doit y rester. C’est en cas de problème seulement qu’il doit en parler à son médecin. Lequel jugera s’il doit augmenter les doses de corticoïdes inhalés, d’associations thérapeutiques ou instaurer un traitement par les antileucotriènes.”
Les médicaments de l’asthme
Le traitement de fond de la maladie asthmatique est un combat incessant. Combat contre l’inflammation des bronches, responsable des symptômes de l’asthme :
- L’arme de choix, ce sont les corticoïdes par voie inhalée. Ils ont permis une baisse considérable de la mortalité. Lorsqu’ils ont atteint leurs limites, les médecins ont deux options ;
- les broncho-dilatateurs à longue durée d’action, utilisés pour dilater les bronches sur le moyen à long terme. Ils n’ont en revanche aucun effet anti-inflammatoire. Ils n’agissent donc pas sur la cause de la maladie. Voilà pourquoi ils doivent toujours être associés à un corticoïde ;
- Ou les anti-leucotriènes. Ces médicaments pris en association avec les corticoïdes, sous forme de comprimés, agissent sur une autre voie de l’inflammation bronchique ;
- En cas de crise ou de difficulté passagère, on utilise aussi des bronchodilatateurs à courte durée d’action. Le plus connu est la ventoline.
Sources : FDA: Evaluation de l’étude SMART 13 juillet 2005, minutes du ‘Pulmonary-allergy drugs advisory Committee’ 16 août 2005 ; Public Citizen, Worst Pills, Best Pills, mars 2003 et septembre 2005, interview du Dr Peter Lurie, 23 septembre 2005; Interview du Pr Jean Bousquet, 25 septembre 2005