Des études longues protégeraient la mémoire des femmes
22 juin 2020
Y a-t-il un lien entre le fait d'avoir suivi des études supérieures dans notre jeunesse et la qualité de notre mémoire au grand âge ? Il semblerait que oui, selon les résultats d'un travail de l'Université américaine de Georgetown. Et ces années d'études profiteraient surtout aux femmes.
« Pour le dire simplement, l’apprentissage engendre l’apprentissage ». Ce sont les mots de Michael Ullmann, professeur au département de neurosciences et directeur du laboratoire cerveau et langage de l’Université de Georgetown. Et c’est la conclusion de l’étude que le spécialiste et son équipe ont mené sur 704 personnes âgées de 58 à 98 ans. Des Taïwanaises et des Taïwanais, titulaires ou non de diplômes de tous niveaux.
Les chercheurs ont testé la mémoire déclarative de ces hommes et femmes plus ou moins âgés et plus ou moins diplômés. La mémoire déclarative, c’est notre capacité à nous souvenir d’événements, de faits et de mots, comme le nom du nouveau voisin ou l’endroit où on a rangé nos clés. Pour mesurer cette mémoire, les scientifiques ont montré des dessins de divers objets aux participants, et ont testé quelques minutes plus tard leur mémoire de ces objets.
Résultat : sans surprise, les performances de la mémoire diminuent à mesure que l’âge des participants augmente. Mais cette baisse semble être moindre chez les femmes ayant mené des études supérieures.
Compensation
Chez les femmes donc, chaque année d’étude supérieure compenserait cinq fois les pertes de mémoire liées au vieillissement. Ainsi, les capacités de mémoire déclarative d’une femme âgée de 80 ans et titulaire de l’équivalent d’une maîtrise seraient aussi bonnes que celles d’une femme de 60 ans titulaire de l’équivalent du bac. Quatre ans d’études supplémentaires permettraient donc de compenser 20 ans de vieillissement de la mémoire.
Pour Jana Reifegerste, auteure principale de l’étude, « l’acquisition de nouvelles informations dans la mémoire déclarative est plus facile si elles sont liées aux connaissances que nous avons déjà. Plus de connaissances issues de plus d’éducation devraient entraîner de meilleures capacités de mémoire, même des années plus tard ». Chez les hommes en revanche, pour des raisons que les chercheurs n’expliquent pas, les bénéfices se révèlent bien inférieurs.
Ces résultats « plaident pour de nouveaux efforts pour améliorer l’accès à l’éducation », estime la scientifique. En particulier chez les femmes, plus exposées que les hommes à la maladie d’Alzheimer : elles représentent environ 60% des malades.
A noter : Et si l’on n’a pas fait d’études supérieures, faut-il pour autant s’inquiéter ? Non, bien sûr. Les activités sportives ou artistiques sont des alliées de notre mémoire, tout comme certains jeux de société.
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Source : Aging, Neuropsychology, and Cognition, consulté le 8 juin 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet