Des médicaments contre les nausées associés à un risque d’AVC
24 mars 2022
Dompéridone, métoclopramide, métopimazine… Autant de molécules utilisées fréquemment pour lutter contre les nausées et les vomissements. Mais leur prise n’a rien d’anodin puisqu’elle majorerait le risque d’AVC ischémique.
Plusieurs travaux ont déjà mis en avant le risque d’accident vasculaire cérébral ischémique inhérent à la prise d’antipsychotiques, médicaments aux propriétés antidopaminergiques. C’est-à-dire qu’ils bloquent l’effet de la dopamine. Mais d’autres molécules présentent les mêmes propriétés. C’est le cas des antiémétiques, médicaments utilisés pour lutter contre les nausées et les vomissements.
Présentent-ils le même risque d’AVC ? Jusqu’à aujourd’hui, aucune étude n’avait répondu à la question alors même que ces médicaments sont utilisés de façon très courante : « en 2017 en France, plus de 4 millions de personnes avaient eu au moins un remboursement de métopimazine, le plus utilisé d’entre eux », explique une équipe Inserm qui s’est donc penchée sur la question.
Les scientifiques ont analysé les données de plus de 2 600 adultes hospitalisés pour un premier AVC ischémique et ayant débuté un traitement par antiémétiques dans les 70 jours précédant l’accident. « Chez ces sujets, les analyses ont retrouvé une plus forte consommation d’antiémétiques dans les jours précédant l’AVC », expliquent-ils. « Les résultats de cette étude suggèrent une augmentation du risque d’AVC ischémique dans les premiers jours d’utilisation des médicaments antiémétiques antidopaminergiques. »
Et ce risque a été retrouvé pour les trois antiémétiques étudiés, dompéridone (Motilium®, Peridys®, Oroperidys®), métoclopramide (Anausin métoclopramide®, Primperan®, Prokinyl LP®) ou métopimazine (Vogalène®).
Pour les auteurs, « cette première étude apporte un signal fort, portant sur des médicaments largement utilisés dans la population générale. Dans l’immédiat, il paraît très important que ces résultats puissent être répliqués dans d’autres études ». Et ce pour renseigner la fréquence exacte de cet effet indésirable.
A noter : les AVC ischémiques sont liés à l’occlusion d’une artère cérébrale par un caillot sanguin. Ils représentent 80% des cas d’AVC.